La mérule. Ce champignon qui s’attaque aux boiseries, aux plâtres, briques, pierres et métaux ferreux. La rénovation énergétique a sa part de responsabilité dans l’accentuation de ce phénomène. Des traitements existent, mais souvent très contraignants et coûteux. Les professionnels cherchent donc des alternatives pour traiter ce champignon sans forcément mettre à nu toute la maçonnerie.
Une technique originaire des États-Unis
Apparu en France il y a quelques années, le traitement à l’air chaud est « une méthode de traitement qui a vu le jour aux États-Unis, au départ sur des typologies diverses comme les champignons ou les punaises de lits », explique Benjamin Gadrat, gérant de l’Afpah (Agence française de la protection de l’habitat).
Comment ? « Il faut surchauffer le bâtiment pour qu’il atteigne une température comprise entre 50°et 60°, ce qui permet d’éliminer la plupart des parasites présents dans le bâtiment notamment la mérule. En plus, cette technique permet de réduire le niveau d’humidité du bâtiment », détaille-t-il.
Traitement classique ou traitement à l’air chaud ?
Pour Benjamin Gadrat, « avec le traitement classique, on a besoin de déposer les matériaux pour atteindre la mérule, par exemple avec un bâtiment en pierre doublé en isolant et en plaques de plâtre, on doit enlever les doublages afin d’atteindre la zone concernée. Pour cela, il faut effectuer un brûlage au chalumeau et une application de traitement chimique par pulvérisation, ce qui est très abrasif. » Ce traitement est aussi plus long et donc plus coûteux.
En effet, il faut savoir qu’en France, le délai pour cette intervention est restreint, « ce qui limite le champ d’action », déplore l’expert. « Pendant l’intervention, les habitants ne doivent pas être présents, ils doivent donc nous laisser leur logement plusieurs jours, il faut prendre en compte également les potentiels problèmes dans le logement, l’installation et l’intervention ».
« 20.000 m² d’interventions par an »
L’Afpah intervient principalement sur la mérule, « on doit faire 20.000 m2 d’interventions par an, dans le Sud-Ouest, on a eu beaucoup d’inondations l’année dernière ce qui a favorisé la prolifération des champignons, avec l’humidité ».
Et la rénovation énergétique alors ? « Aujourd’hui on a tendance à surisoler les bâtiments, la ventilation n’est pas toujours adaptée pourtant on privilégie des travaux sur les doubles-vitrages avant de s’occuper de la ventilation du logement. Quand on fait une rénovation globale, on réduit ces phénomènes, l’humidité n’apparaît plus ensuite »
Les autres chantiers de l’Afpah sont le traitement des nuisibles, des toitures, l’air et de l’humidité.
Les limites du traitement à l’air chaud
Benjamin Gadrat le reconnaît, le traitement à l’air chaud possède des limites. « On ne peut pas se déplacer partout en France, nous sommes quelques-uns à le faire à l’échelle nationale. Nous avons préféré nous restreindre aux logements individuels traditionnels, les grosses structures comme les châteaux sont plus compliquées logistiquement. » Aussi, certains types de bâtiments non isolés ne peuvent pas recevoir cette intervention. « On a besoin d’une puissance calorique importante », explique le directeur.
Le traitement parfait ? Pour lui, « il est très bien mais il serait encore mieux si on n’avait pas des durées de travail aussi réduites en France, c’est des traitements qui durent 12 heures, on doit faire alterner deux équipes qui se relaient pour respecter une journée de 8 heures. Sur les gros bâtiments, il faut plusieurs jours surtout pour la mise en place du matériel. »
« Un traitement efficace quand il est fait dans un logement préparé, dans le sens où le particulier doit normalement résoudre ses problèmes d’humidité en amont, en cas de dysfonctionnement on avise mais on fait signer un document au préalable au particulier ».
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