Mérule, le mal qui progresse en silence

La mérule gagne du terrain. Partout, et plus vite qu’on ne le croit, le champignon profite d’une isolation toujours plus efficace dans les maisons. Pour enrayer le fléau, le gouvernement comptait sans doute sur l’information mérule, mise en place en 2014, mais le dispositif, resté confidentiel, semble totalement inefficace.

On l’imagine sagement confinée plutôt dans le quart Nord-Ouest. La mérule se trouverait en Bretagne surtout, aussi en Normandie, dans les Hauts-de-France dans une moindre mesure. Là où le climat –soi-disant humide- lui est favorable.

Patrick Laurent, mycologue connu et reconnu, balaye cette idée reçue. « La mérule est partout en France, il n’y a pas un département qui ne soit pas concerné aujourd’hui. Y compris la Corse. » Dans son agenda, l’expert évoque d’ailleurs des déplacements à venir à Sarreguemines, à Vichy, à Carpentras, ou Font-Romeu.

La SEMHV (Station d’études mycologiques des Haute-Vosges) est l’un des leaders de l’analyse mycologique en France. Pour le cru 2021, Patrick Laurent évoque « 3.500 analyses réalisées par an dont la moitié concernant la mérule. » Un chiffre qui ne cesse d’enfler, malheureusement, année après année. Les cartes d’infestation du FCBA/CTBA+ avec ces 2.000 à 3.000 communes infestées en France, sont bien loin de la vérité, selon l’expert.

Patrick Laurent est mycologue, expert en pathologies du bois et de la construction, enseignant mandataire à l’Ecole nationale supérieure de l’ingénierie et industries du bois et à la faculté des Sciences et Technologies à Vandœuvre-lès-Nancy (université de Lorraine), expert de justice près la cour d’appel de Nancy et expert conseil à la Station d’études mycologiques des Hautes Vosges (SEMHV) à Saint-Dié des Vosges.

Car le champignon prospère. Installé depuis des siècles, il profite aujourd’hui des progrès de la réglementation. « La RT 2012 n’a fait qu’empirer les choses, lâche Patrick Laurent. La réglementation n’est pas mal faite, mais la mise en œuvre est loin d’être parfaite. On surisole nos maisons avec souvent une ventilation sous-dimensionnée. Du coup, les moisissures et autres champignons se développent. » Raison de plus pour s’inquiéter alors que la grande majorité du parc français est promise à une rénovation dans un futur proche et alors que la ventilation demeure le parent pauvre des travaux énergétiques.

L’échec total de l’information mérule

A vrai dire, le champignon lignivore rencontre une faible opposition. La loi Alur de 2014 avait bien prévu un dispositif d’information inspiré de ce qui existe en matière de termites. Quand une mérule était identifiée, le propriétaire effectuait consciencieusement sa déclaration auprès de la mairie, qui remontait ensuite l’information en préfecture afin d’établir une cartographie du risque mérule. Le tout assorti d’une information obligatoire de l’acquéreur lorsque le bien est situé en zone à risque. Huit ans après l’entrée en vigueur de la loi, ce dispositif ne fait pas recette.

A l’exception du Finistère qui l’a rendue obligatoire dans tout le département, cette information mérule semble oubliée partout ailleurs. L’expert mycologue a fait les comptes : « Sur 35.000 communes, j’ai comptabilisé 22 arrêtés. » Et encore, la zone à risque peut très bien se cantonner à quelques parcelles cadastrales. « La réglementation est souvent mal comprise. Lorsqu’une mérule est découverte sur une parcelle, celle-ci se trouve alors classée en zone à risque. Rien sur les parcelles environnantes, qui sont pourtant les réelles zones à risque. Il faut savoir que 10 cm² d’hyménium, c’est quatre à cinq milliards de spores relâchées dans l’environnement. Les spores sont présentes partout, elles n’attendent que les conditions favorables pour se développer : humidité, confinement et obscurité.

Diagnostic mérule, le ministère n’en veut pas

Un diagnostic mérule, obligatoire à la vente ? Pourquoi pas. La proposition n’est pas nouvelle. Sous forme de questions parlementaires, de proposition de loi ou d’amendements, elle revient régulièrement portée par les députés qui voient dans leur circonscription, les drames humains engendrés par le champignon. Les années passent, la réponse ministérielle reste invariable : pas possible de mettre en œuvre un diagnostic mérule obligatoire sans sondages destructifs, autant dire qu’un tel diagnostic semble inconciliable dans un contexte de vente.

Faux, archi faux, répète à l’envi Patrick Laurent depuis des années. Notre expert préfère parler d’« d’état fongique ou mycologique » plutôt qu’un « diagnostic mérule » ou un « état parasitaire », mais on parle bien de la même chose. « J’en réalise depuis 12 ans, et je n’ai jamais rien détruit. Pourtant, je peux vous dire que j’en ai trouvé des contaminations. Il n’y a pas besoin de détruire quoi que ce soit mais de connaître suffisamment les champignons, leur développement, de savoir les chercher, et de reconnaître les indices, les mycéliums, la pourriture, les fructifications qu’ils laissent derrière eux. »

« J’ai le sentiment que les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure du phénomène », regrette Patrick Laurent. L’expert plaide pour l’émergence d’« une véritable filière » avec des experts, des diagnostiqueurs, des sociétés de traitement, tous formés en mycologie. « Aujourd’hui, nous manquons à la fois de référentiels et d’encadrement. » En témoignent les soucis d’identification. Car tout champignon dans une maison n’est pas forcément mérule. Et entre un coniophore des caves ou une mérule, la dangerosité, le traitement et ses coûts ne sont pas vraiment les mêmes.   

Mérule, celle dont les assureurs ne veulent pas entendre parler  
Pourquoi la mérule n’est-elle pas prise en charge par les assureurs ? En 2021, on a vu passer plusieurs questions de parlementaires du côté de l’Assemblée nationale, et même une proposition de loi pour demander une prise en charge des assurances. En vain. A moins que le champignon ne soit le résultat d’une malfaçon et que la garantie décennale ne puisse jouer, les propriétaires se trouvent le plus souvent totalement démunis, chassés parfois de chez eux par le vorace champignon. La mérule est le résultat d’un défaut d’entretien qui n’entre pas dans les garanties, estiment les assureurs.
Lors de ces expertises, Patrick Laurent s’évertue à mettre les assurances face à leurs responsabilités. « Il n’y a pas de dégâts causés par la mérule, celle-ci est justement un dégât des eaux. Dans 70 à 80% des cas, le champignon apparaît à la suite d’une fuite, d’une bonde qui fuit, par exemple, d’une douche italienne installée sur un plancher bois… » En somme, la mérule est un dégât des eaux comme un autre pouvant être couvert par l’assurance.

1 Commentaire

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