Les ventes de pompes à chaleur reculent sérieusement

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Rien ne va plus au pays de la rénovation. Alors que la France est censée accélérer la cadence de ses rénovations tout en garantissant leur qualité, MaPrimeRénov’ recule sévèrement. Autre signe inquiétant, les ventes de pompes à chaleur s’effondrent alors qu’elles sont censées jouer un rôle clé dans la transition énergétique et la décarbonation du résidentiel.

Le tout-élec ne ferait-il pas recette ? La feuille de route gouvernementale ambitionne neuf millions de pompes à chaleur d’ici la fin de la décennie. Avec une part significative d’équipements made in France, puisque selon le vœu présidentiel, un plan national surgi en début d’année prévoyait de tripler la production hexagonale pour arriver à un million d’unités produites en France dès 2027. On en est loin, très loin. Les stocks s’accumulent, les industriels suppriment parfois des postes, et la filière française devrait en produire moins de 200.000 PAC pour le cru 2024.

Coup de froid sur la PAC air-eau

Le marché est en berne. Après plusieurs années euphoriques, la pompe à chaleur ne semble plus séduire les ménages malgré le matraquage publicitaire, les vifs encouragements gouvernementaux ou le plan REPowerEU de la Commission européenne qui ambitionne 60 millions de PAC en Europe dès 2030. Les ventes de PAC s’effondrent. Modèles les plus touchés, les PAC air-eau qui avaient déjà reculé en 2023 : 307.000 PAC air-eau commercialisées (-14%). Elles accusent un nouveau repli (-46%) au premier semestre 2024. Même la PAC air-air encore en croissance en 2023 avec plus de 900.000 unités vendues dans l’hexagone n’échappe pas à la morosité (-15% sur le premier semestre).

Parmi les raisons invoquées, la chute de la construction neuve revient en boucle. Moins de chantiers, moins d’installations neuves, logique. Le marché de la rénovation n’est pas non plus à la fête, loin d’être aussi porteur qu’on ne l’avait prédit. Parmi les arguments, la filière retient la complexité de MaPrimeRénov’ avec ses va-et-vient pour restreindre les monogestes et la crise économique qui « a créé une apathie sur le marché de la rénovation », selon l’étude qualitative 2024 du marché des pompes à chaleur individuelles réalisée par Observ’ER, l’Observatoire des énergies renouvelables « Des consommateurs, qui auraient dû changer leur chaudière, ou PAC, qui vieillissait, ont reporté leur investissement. »

Des objectifs qui s’éloignent

Malgré des aides gonflées à bloc et des promesses d’économies futures sur la facture énergétique, le reste à charge demeure souvent rédhibitoire pour les ménages. Sans oublier que la PAC est peut-être moins séduisante qu’elle ne l’était voilà deux ans puisque le prix du gaz a tendance à baisser quand celui de l’électricité, lui, augmente inexorablement.

A moins d’un sursaut dans les mois qui viennent, c’est toute la stratégie gouvernementale de réduction de gaz à effet de serre dans le résidentiel qui pourrait être contrariée. La pompe à chaleur demeure en effet l’arme privilégiée pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre dans le logement. Dans sa feuille de route, l’État ambitionne de remplacer 75% des chaudières au fioul et 20% des chaudières gaz à horizon 2030. Ce qui revient à remplacer 650.000 chaudières fossiles par an par des PAC.

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