Minuscules, mais terriblement encombrantes. Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publié ce mercredi alerte à nouveau sur la prolifération des punaises de lit. En l’espace de dix ans, plus d’un foyer sur dix a été touché. L’infestation est loin d’être bénigne, avec un coût financier et psychologique non négligeable.
Le gouvernement a pourtant démultiplié les moyens de lutte. Une campagne d’information, un site internet, un plan d’action… Pas suffisant. L’Anses évoque des infestations en progression. Sachant qu’une punaise femelle a une espérance de vie d’un an. Elle pond entre 200 et 500 œufs au cours de son existence (5 à 15 par jours). Et qu’il faut 7 à 15 jours pour que l’œuf éclose, cela donne une petite idée du fléau.
Plus de 300 millions dépensés chaque année
D’après une enquête Ifop commandée par l’Anses, « 11% des ménages français auraient été infestés par les punaises de lit entre 2017 et 2022 ». Sans qu’il y ait de lien « entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation », précisent les auteurs du rapport. En revanche, la persistance de l’infestation peut s’expliquer par les revenus du foyer. Car le traitement coûte cher. « 866 euros en moyenne par foyer », note l’Anses. Les punaises disparues dans les années 1950 et réapparues en métropole à la fin du siècle dernier, ont ainsi coûté « 1,4 milliard d’euros pour la période 2017-2022, soit 230 millions d’euros par an en moyenne ».
À ce coût économique, il faut aussi ajouter le coût sanitaire. En soi, les punaises de lit ne présentent pas de risque pour la santé, mais « leur présence peut avoir des effets psychologiques et impacter le bien-être des personnes victimes d’infestation à leur domicile ». Là encore, l’Anses a effectué de savantissimes calculs. Pour l’année 2019, ces fichues punaises ont coûté 83 millions d’euros aux Français. Dont 79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale. Un million d’euros lié aux arrêts de travail et 3 millions d’euros environ au titre des soins physiques.
La lutte contre l’infestation ne doit pas se faire à n’importe quel prix. L’Anses avait déjà alerté sur le sujet, elle adresse une piqûre de rappel: le remède peut parfois être pire que le mal. Gare aux traitements chimiques qui promettent une éradication en un temps record. Entre 2007 et 2021, un millier d’intoxications, parfois graves avec même un décès d’enfant, a été recensé.
Vers un diagnostic obligatoire?
L’Anses recommande donc de privilégier « les méthodes de lutte alternatives aux insecticides chimiques », comme les traitements par le dioxyde de silicium synthétique (silice amorphe en gel ou en poudre) et par la chaleur sèche, deux méthodes « avec une efficacité élevée ».
En matière d’action publique, il existe déjà un Plan d’action interministériel de lutte contre les punaises de lit depuis 2022. Mais l’Anses adresse plusieurs recommandations pour améliorer à la fois l’information des particuliers ou des professionnels de tourisme, le diagnostic des punaises, ou la lutte contre les infestations.
Entre autres propositions, le groupe de travail suggère ainsi « d’évaluer la possibilité d’instaurer un diagnostic obligatoire par un agent formé et habilité (diagnostiqueur, bailleur, agent d’entretien, etc.) au moment de l’arrivée d’un nouvel occupant dans un logement ou lieu de séjour » ou de créer « un observatoire des infestations aux punaises de lit dont l’objectif serait de recenser et de suivre la propagation des infestations au niveau national » ou encore d’accompagner les particuliers avec une prise en charge financière. L’arsenal que suggère l’Anses peut sembler lourd, mais il est cependant justifié au regard des coûts. « Toute politique visant à faire cesser la prolifération de l’infestation en France, aussi coûteuse soit-elle, doit être jugée à l’aune des bénéfices qui pourront en être retirés à terme », selon l’Anses.
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