Sereine, un « couteau suisse » pour veiller à la qualité de la rénovation 

Le gouvernement a ouvert en grand le robinet des subventions, MaPrimeRénov’ explose. Mais comment savoir si les travaux de rénovation réalisés dans mon logement sont réellement efficaces ? Pour y pallier, le programme Sereine propose un outil pour mesurer la performance énergétique réelle du bâtiment.

« Mesurer la performance énergétique en un temps record »

Tout le monde s’est mis autour de la table, le ministère de la Transition écologique, l’Ademe, l’Agence Qualité Construction (AQC), EDF, etc. Issu du programme Profeel, le projet Sereine (pour « Solution d’évaluation de la performance énergétique intrinsèque des bâtiments »), a pour vocation d’être un dispositif indispensable pour les professionnels et un plus pour les clients qui se sentent rassurés quant au gain apporté à leur logement.

« Au vu des enjeux climatiques inédits, nous avons la responsabilité de faire des bâtiments réellement performants : le projet Sereine y a contribué et va continuer à le faire, en apportant aux professionnels du bâtiment de nouveaux outils de caractérisation de la performance réelle de l’enveloppe comme des systèmes », selon Pierre Oberlé, contributeur technique de Sereine et expert performance énergétique du bâtiment à l’Ines (Institut national de l’énergie solaire).

Sereine propose une méthode de vérification simplifiée, qui permet de mesurer la performance thermique en 24h pour les maisons isolées par l’intérieur et en 48h maximum pour celles isolées par l’extérieur.

Sur le terrain, ça donne quoi ? Une fois les travaux de rénovation énergétique terminés, la maison est soumise à différents tests grâce aux outils créés par Profeel. Objectif ? S’assurer que les travaux de rénovation améliorent réellement la performance énergétique. « Quand la maison est vide, on ferme toutes les entrées comme les volets, les portes, etc. (…) On chauffe le bâtiment afin de mesurer la puissance de chauffage, l’ensoleillement reçu ou encore les températures intérieur/extérieur. Nous pouvons ensuite identifier les performances du bâtiment et l’impact des travaux réalisés », explique Stéphanie Derouineau, cheffe de projet R&D garantie de performance énergétique CSTB.

Lors de la présentation de Sereine en décembre, Nadia Bouyer, directrice générale et présidente de Profeel, insistait sur la nécessité de « développer des outils qui permettent de justifier de la qualité des travaux réalisés ». L’outil est à la fois au service des professionnels, mais aussi des particuliers. « Avec le projet Sereine, les gens seront peut-être moins hésitants à se lancer dans les travaux de rénovation énergétique. »

La performance énergétique, mais aussi l’air intérieur, la ventilation…

La vocation de Sereine est double. Mesurer la performance énergétique, bien sûr, mais s’assurer aussi que les travaux ne dégradent pas l’air intérieur du logement, ou l’acoustique.

Les systèmes doivent faire l’objet d’une évaluation plus détaillée. Qui consiste à vérifier les « bonnes » pratiques de conception, de mise en œuvre et de réglage, avec près de 200 vérifications sur 60 systèmes différents.

Une application mobile existe. Conçue pour être la plus intuitive possible et faciliter la vie des opérateurs, cette application s’intéresse aux principaux équipements de chauffage, de ventilation, de rafraîchissement et d’éclairage. Elle couvre tous les systèmes énergétiques d’un bâtiment de façon exhaustive. Ce qui donne un outil flexible qui s’adapte aux différents modes opératoires des opérateurs. Ils peuvent réaliser l’audit sur différents supports : tablette, smartphone, ordinateur et ce même sans être connectés à un réseau.

Sereine n’a pas fini d’évoluer

Pour le moment, l’outil reste confidentiel. Son coût reste « encore trop élevé » estime Philippe Estingoy, directeur de l’AQC. Sereine a besoin de se roder, il réclame encore du temps, mais peut d’ores et déjà être testé gratuitement par ceux qui le souhaitent. Sereine a néanmoins déjà été prolongé pour trois années supplémentaires (2022-2024) avec un nouveau budget de cinq millions d’euros.

« L’objectif est de massifier les expérimentations sur l’enveloppe comme sur les systèmes et, pour Sereine Enveloppe, de réduire encore le temps de mesure, d’identifier les non-qualités et de finaliser la méthode pour le collectif. Pour Sereine Systèmes, il s’agira de finaliser et nourrir la plateforme de données ouvertes », confie Aurélien Lopes, porteur de projet Sereine à l’AQC.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire