L’histoire est-elle en train de bégayer? Les pionniers du diagnostic gardent en mémoire comment la jeune filière, au milieu des années 2000, s’était retrouvée dans une quasi impasse, avec MMA pour seul assureur. Rebelote. L’assureur historique du diagnostic annonce qu’il résilie le contrat RC Pro souscrit par la Fidi à compter du 1er janvier 2023. Dit autrement, MMA se désengage du diagnostic immobilier. Motif ? L’assureur ne s’y retrouverait plus avec une sinistralité trop élevée et un rapport sinistres/primes de 120%.
Bien sûr, Subervie le courtier de la Fidi annonce aux assurés être déjà à la recherche d’un plan B. Mais dans l’immédiat, le nombre d’assureurs se réduit un peu plus encore. Les comptes sont vite faits, il reste Axa, Gan et Allianz, mais d’avis d’experts, ces deux derniers ont déjà sérieusement réduit la voilure ces dernières années. A coups d’augmentations de tarifs et d’exclusions de missions dans leurs garanties. C’est à peu près tout pour le marché hexagonal. Les diagnostiqueurs ont bien sûr la possibilité d’aller chercher une assurance à l’étranger, mais gare aux exclusions, gare aussi aux compagnies “exotiques”.
Le diagnostic rend les assureurs frileux
Pour un fin connaisseur du marché, le désengagement de MMA est donc loin d’être une bonne nouvelle pour la filière « car on pointe à nouveau du doigt l’incapacité des entreprises du diagnostic à générer du résultat ». « Cette situation risque de tendre encore plus le marché, les assureurs restant pourraient se montrer encore plus sélectifs dans leur politique de souscription et refuser les cabinets avec trop de sinistralité. On entre à nouveau en crise. »
Et cette crise tombe plutôt mal à un moment où le diagnostiqueur est devenu une pièce maîtresse de la rénovation énergétique grâce au DPE, et à l’audit énergétique. « Il est de plus en plus évident qu’il faut travailler de façon cohérente et urgente sur la souscription du risque et la compétence », poursuit notre interlocuteur.
On imagine que les pouvoirs publics suivent le dossier avec attention. Que demain plus aucune compagnie ne veuille assurer le diagnostiqueur, et la réaction en chaîne serait cataclysmique. Sans RC Pro, plus de possibilité d’exercer pour le diagnostiqueur, donc par ricochet, plus de ventes ou locations. Juste impensable. Impensable.
Suite à l’enquête de 60 Millions de consommateurs, la DHUP (Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages) a entamé un travail sur la formation et les différentes fédérations du diagnostic ont déjà remis leurs propositions. On peut penser que le désengagement de MMA conforte la nécessité d’une réflexion sur le sujet. Après la crise de 2004, l’ordonnance de 2005 jetait les bases de la certification de personne, censée garantir les compétences des opérateurs et du même coup apaiser les compagnies d’assurances. Apparemment cette certification, malgré deux réformes, ne suffit plus à rassurer les assureurs.
MMA se retire t’elle du marché des diagnostiqueurs qu’elle assurait au sein de la FIDI qui avaient une sinistralité importante ou de tous le marché du diagnostic incluant également d’autres sociétés en direct qui n’avaient peut-être pas une sinistralité aussi élevée ?
Pascal CLERC – ASTER Diagnostics Immobiliers / Aix’Pert
C’est une bonne question. L’information étant tombée par le cabinet Subervie, et non de MMA, nous ne disposons pas de la réponse aujourd’hui. Mais dans tous les cas, ces assurés “en direct” ne doivent pas être très nombreux car il s’agirait de très vieux contrats: voilà de nombreuses années qu’il n’était plus possible de s’assurer chez MMA en dehors du contrat Fidi.
Merci de ce 1er retour. Au plaisir d’avoir peut-être un complément d’informations.