C’est une des inconnues de la rénovation énergétique. Pour rénover vite et bien, il faudra démultiplier le nombres d’artisans RGE (Reconnu garant de l’environnement), l’indispensable qualification qui conditionne MaPrimeRénov’ et autres aides. On en est encore loin. Heero, spécialiste de la rénovation énergétique, a justement lancé en février un indice de tension artisanale pour illustrer l’accessibilité à ces professionnels.
On en comptait quelque 63.000 sur tout le territoire fin 2022. Tous corps de métiers confondus. La rénovation énergétique se massifie comme jamais, mais année après année, le nombre d’entreprises RGE reste plutôt stable, voire en légère baisse. Entre 2021 et 2022, 2.000 qualifications se sont ainsi évaporées. On est loin du compte, très loin, si on veut tenir les objectifs de rénovation programmés pour 2025 et 2028.
En novembre 2022, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, estimait que leur nombre devait être multiplié par quatre dans les années à venir, passant de 60.000 à 250.000 entreprises qualifiées. Pas le choix, si on veut répondre aux ambitions gouvernementales. Sous entendu, la filière bâtiment devra recruter et former massivement de nouveaux professionnels, tandis que le gouvernement devra aussi faciliter l’accès à la qualification RGE: moins de 5% des entreprises du bâtiment disposent aujourd’hui du sésame. La lourdeur du système RGE est souvent identifiée comme un frein pour les très nombreuses TPE du bâtiment.
Des aides moins accessibles
Le nombre d’entreprises RGE est limité au niveau national, il l’est davantage encore sur certains territoires avec de fortes inégalités de répartition: seule une moitié des communes compte des artisans RGE. Bien sûr, les artisans peuvent se déplacer. Heero estime qu’une entreprise intervient en moyenne sur 75 à 280 communes, dans un rayon de 30 minutes autour de son siège. Mais malgré cette mobilité, certaines zones restent mal desservies. “Les professionnels RGE sont essentiellement situés dans les grandes agglomérations et sur la façade Ouest mais peu dans la diagonale du vide ou dans les zones montagneuses”, relève Romain Villain, directeur général de Heero.
Selon les territoires, l’accès aux entreprises RGE apparaît donc plus ou moins facile. Mais même sur des régions bien desservies, l’offre RGE n’est pas suffisante en raison de la densité. “Si l’on tient compte de l’ensemble des logements sur un territoire donné, certaines régions malgré leur dotation en nombre de sociétés RGE, s’avèrent en réalité en tension, comme les régions nantaise, bordelaise ou montpelliéraine”, expliquent les auteurs de l’étude de Heero.
Entre le manque d’entreprises RGE criant sur certains territoires, ou le déséquilibre entre l’offre et la demande dans les zones denses, c’est l’accessibilité aux subsides de l’État qui est en jeu. “Compte tenu des difficultés à avoir accès à un professionnel RGE, les aides à la rénovation sont également moins accessibles.” Sans compter que la carte des entreprises RGE ne colle pas tout à fait avec la carte des passoires thermiques. Et c’est parfois dans des zones rurales ou montagneuses où l’on rencontre une proportion importante de logements en F et G, qu’il est le plus difficile de trouver des artisans qualifiés.
2 Rétroliens / Pings