Les CEE en retard sur leur objectif, un autre symptôme d’une rénovation à la peine

Pas toujours bien connues du grand public, les « primes énergies », les fameux certificats d’économies d’énergie, demeurent un moteur essentiel de la rénovation énergétique. Mais l’objectif assigné pour la période 2022-2025 est loin, bien loin d’être atteint, autre symptôme d’une rénovation énergétique qui séduit de moins en moins. Il faudra donc mettre les bouchées doubles.

La rénovation énergétique ne ferait-elle plus recette ? Les signaux d’alerte se sont multipliés au cours des derniers mois, entre la baisse d’activité des artisans du bâtiment, la chute du nombre de rénovations financées par MaPrimeRénov’ (100.000 de moins entre 2023 et 2022) ou du nombre de dossiers déposés auprès de l’Anah depuis le début de l’année. Fort logiquement, les CEE (certificats d’économies d’énergie) suivent la même tendance.

« Les volumes de travaux engagés trimestriellement en 2024 vont devoir être doublés par rapport au rythme constaté sur la période 2022-2023 », alertait début mars Effy, spécialiste de la rénovation énergétique. Les CEE doivent en effet remplir des objectifs définis sur une période donnée. La cinquième période 2022-2026 est bien entamée, il reste un peu plus d’un an et demi pour parvenir à l’objectif assigné 3.100 TWhcumac (*) sur quatre ans. On en est loin. Pour y arriver, il faudrait engager sur 2024 et 2025, chaque trimestre, 225 TWh cumac (176 TWhc pour les CEE classiques et 50 TWhc pour les CEE précarité) de travaux contre 115 TWhc par trimestre en 2022-2023 (respectivement 91 TWhc et 27 TWhc).

Dans le résidentiel, le « Coup de pouce chauffage » censé booster le remplacement des chaudières à énergie fossile par des modes de chauffage décarbonés, illustre la situation. Malgré des aides substantielles, y compris pour les ménages les plus aisés, le dispositif patine. Si l’on en croit le dernier comité de pilotage à la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) fin février, moins de 5.000 opérations avaient été réalisées en janvier 2024. Loin, bien loin des objectifs, là encore.

Des objectifs encore rehaussés pour 2030

Le dispositif souffre aussi de carences. De nombreux travaux de rénovation ne sont pas forcément valorisés, le système demeurant obscure pour nombre de ménages qui souvent passent à côté d’aides. Les CEE pâtissent aussi d’une image désastreuse gangrénée par les fraudes. Le gouvernement a déjà serré la vis, avec une montée en charge progressive pour arriver à 12,5% de contrôles sur site et 25% de contrôles supplémentaires par contact. Les mesures pourraient encore être renforcées puisqu’un projet de loi est annoncé pour l’été justement afin de mieux lutter contre les fraudes en matière de rénovation énergétique.

Ce retard pris par le dispositif CEE sur ses objectifs intervient alors que la réflexion est désormais engagée sur la nouvelle période 2026-2030. L’objectif du gouvernement est annoncé depuis longtemps avec un niveau d’obligation doublé pour la sixième période, et 1.600 TWhcumac/année. Vouloir n’est pas pouvoir, aujourd’hui cet objectif paraît difficilement atteignable. A moins de trouver de nouveaux gisements de CEE. Justement, le GPCEE (Groupement des professionnels des certificats d’économies d’énergie) a lancé une étude sur le sujet, dont les résultats devraient être dévoilés avant l’été.

(*) Un kWh cumac, unité de mesure correspondant à la quantité d’énergie économisée grâce aux travaux de rénovation. Le calcul dépend des performances des installations, de leur durée de vie et de la situation géographique du logement.

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