L’aide MaPrimeRénov’ a plongé depuis le début d’année

Solaire

La rénovation ne fait plus recette. Selon une information des Échos, le nombre de dossiers MaPrimeRénov’ déposés depuis le début d’année serait carrément en chute libre : 40% de moins que l’an passé sur la même période. Les craintes exprimées par le secteur du bâtiment se vérifient, alors que le ministère devrait préciser les nouveaux contours de l’aide, dès ce vendredi.

On avait senti un peu moins d’empressement chez l’Anah (Agence nationale de l’habitat), à communiquer sur ses chiffres depuis un an. L’élan semble s’essouffler. L’avènement de MaPrimeRénov’ en 2020-2021 avait permis d’atteindre des records en matière de rénovation : près de 720.000 opérations financées en 2022 par l’Anah, dont 670.000 grâce à MaPrimeRénov’. Inédit, même si ces « rénovations » restaient le plus souvent des travaux monogestes. La dynamique est cassée. En 2023, l’aide MaPrimeRénov’ a attiré moins de ménages avec (seulement) 570.000 opérations financées sur l’année ; c’est 15% de moins que pour le précédent cru.

Le nombre de dossiers en chute libre

Le gouvernement comptait sans doute sur la nouvelle version de MaPrimeRénov’ pour relancer la machine. Mais selon les informations recueillies par nos confrères des Échos, c’est loin d’être le cas : le nombre de dossiers déposés sur janvier et février aurait chuté de 40% par rapport à la même période en 2023. Pas de chiffres précis, toutefois, mais le constat est partagé à la fois par les mandataires de CEE et les entreprises du bâtiment confrontées à une nette baisse de leur activité.

La nouvelle mouture de MaPrimeRénov’ ne séduit pas. Sur le papier, privilégier les rénovations globales et le recours à un accompagnateur agréé, tout en limitant les travaux monogestes, semblait pourtant pertinent. On le sait, l’efficacité des travaux monogestes a souvent été remise en cause depuis deux ans : seules les rénovations d’ampleur permettent d’améliorer réellement la performance énergétique et, par ricochet, de dégonfler la facture.

Cette chute brutale des aides MaPrimeRénov’ a déjà amené le gouvernement à revoir sa copie en ponctionnant un milliard d’euros sur le budget alloué à l’aide en 2024. L’objectif des 700.000 rénovations dont 200.000 globales, s’éloigne. Selon Christophe Béchu, interrogé fin février sur CNews, cet objectif ambitieux qui suggérait de tripler les rénovations globales réalisées en 2023, ne sera atteint qu’en 2025. Pour 2024, le ministre de la Transition écologique mise désormais sur 140.000 à 150.000 rénovations globales.

La nouvelle MaPrimeRénov’ connue dès vendredi

Les sombres prédictions exprimées par les fédérations du bâtiment semblent se vérifier. Dès l’automne 2023, FFB et Capeb n’ont pas caché leur scepticisme sur la réussite d’un dispositif jugé trop complexe. “En effet, au 1er janvier est entré en vigueur un dispositif qui va inévitablement porter un coup préjudiciable à l’accélération indispensable des travaux de rénovation énergétique en excluant trop de ménages susceptibles d’engager des travaux, trop d’entreprises artisanales compétentes susceptibles de les réaliser et trop de petits chantiers qui seuls peuvent rendre possible l’objectif de massification des travaux”, relève la Capeb dans un récent communiqué.

L’impossibilité de réaliser des travaux monogestes à partir du 1er juillet pour les logements classés F ou G, comme l’obligation de coupler les travaux d’isolation ou de ventilation avec un changement de chauffage, risquaient de se révéler contre-productifs et de porter un sévère coup à la dynamique de rénovation. Après tout, depuis son lancement en 2020, plus de huit PrimeRénov’ sur dix concernent des travaux dits « monogestes ».

Le gouvernement corrige le tir. Mi-février, il a annoncé une « simplification du parcours de rénovation des logements ». Avec trois lignes directrices : 1. limiter les obligations de recours à MonAccompagnateurRénov’ « aux subventions les plus élevées » ; 2. simplifier le label RGE « Reconnu garant de l’environnement » ; 3. lever les restrictions de financement concernant les gestes de rénovations simples et efficaces. Quels travaux monogestes seront à nouveau éligibles ? Dans quelles conditions demeurera le recours à l’AccompagnateurRénov’ ? Le ministère doit justement préciser les contours du dispositif dès ce vendredi.