La rénovation énergétique est censée accélérer la cadence, elle patine. L’élan donné en 2020-2021 par MaPrimeRénov’ semble s’essouffler. Tous les indicateurs vont dans le sens d’une baisse significative en 2023 : les ménages ont sollicité moins d’aides que les deux années précédentes, et ils ont aussi réalisé moins de travaux chez eux.
Pas de chiffres officiels, pas encore. Mais les signaux se multiplient et témoignent d’une rénovation qui marque le pas. Ce n’est pas une surprise, les professionnels du bâtiment alertent depuis plusieurs mois d’un ralentissement de l’activité des travaux de rénovation énergétiques, pourtant vue comme la planche de salut pour compenser la vertigineuse chute de la construction neuve.
Dès le premier semestre, la Fédération française du bâtiment (FFB) observait que si les travaux de rénovation restaient dans le vert (+1,1%), la croissance avait freiné par rapport à l’année précédente. Même constat du côté de la Capeb. Selon la dernière note de conjoncture tombée en octobre, l’activité de rénovation énergétique continue à croître (+1,5%) mais son rythme ralentit de trimestre en trimestre. La croissance des travaux de rénovation est désormais trois moins élevée qu’en 2021-2022 et les carnets de commande peinent à se remplir.
La fin d’année confirme la tendance. Avec l’examen de la loi de finances de fin de gestion pour 2023, les chiffres tombent. Un milliard d’euros de MaPrimeRénov’, le porte-étendard du gouvernement en matière de rénovation, ne sera pas consommé en 2023 (0,4 milliard d’euros en autorisations d’engagement et 1,0 milliard d’euros en crédits de paiement).
L’Agence nationale de l’habitat, pourtant prompte à communiquer les années précédentes, apparaît moins prolixe sur le cru 2023. Le dernier bilan officiellement disponible remonte au premier trimestre 2023. L’Anah évoquait alors 138.000 logements rénovés, et 167.000 dossiers déposés, pour 130.000 financés. Des chiffres déjà en dessous de ceux de l’année précédente.
En 2023, une prévision de 550.000 rénovations (seulement)
Un récent rapport au Sénat dans le cadre de la loi de finances de fin de gestion pour 2023, dévoile des chiffres plus récents. Au 22 octobre 2023, l’Anah recense 442.732 rénovations et table sur une prévision de 550.000 rénovations à la fin d’année. On est loin des 700.000 rénovations attendues.
Alors que la rénovation est censée accélérer, son rythme ralentit sérieusement. La tendance n’est pas nouvelle malheureusement. En 2022, l’Anah comptabilisait 718.555 logements rénovés et 3,4 milliards d’euros d’aides distribuées (dont 670.000 au titre de MaPrimeRénov’); un bilan fort honorable, mais en léger recul toutefois par rapport à 2021.
Les explications avancées par les acteurs de la rénovation ne surprendront personne : inflation du coût des matériaux, reste à charge rédhibitoire pour les ménages, une rénovation monogeste parfois moins aidée avec par exemple la disparition des subventions MaPrimeRénov’ pour l’isolation des ménages aisés, des coups de rabot sur certains CEE… Résultats des courses, malgré les aides, les travaux sont souvent plus chers. La conjoncture économique pèse lourdement, mais d’autres explications peuvent être entrevues comme le recul des entreprises qualifiées RGE pourtant incontournables pour prétendre aux aides. Ou la sévère chute des mutations dans l’immobilier ancien, un moment pourtant privilégié pour réaliser des travaux d’amélioration dans le logement…
La baisse n’est pas seulement quantitative, elle semble aussi qualitative. Au premier trimestre, l’Anah comptabilisait moins de 10.000 rénovations globales financées et selon nos informations, leur nombre devrait tourner autour de 35.000 en 2023. On est loin du compte d’autant que le gouvernement en escompte 200.000 dès 2024. Même si MaPrimeRénov’ sera largement revue et corrigée dès janvier, la marche semble décidément très haute.
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