MaPrimeRénov’ encore corrigée : le DPE avant rénovation n’est plus obligatoire

Rétropédalage. Le gouvernement avait annoncé une « simplification » en février, les nouveaux contours de MaPrimeRénov’ sont désormais connus. L’aide ne fait plus recette, on (re)change de cap en remettant les travaux mono-gestes au goût du jour et en levant certains freins comme l’exigence d’un DPE avant rénovation. Les décrets pour traduire ces évolutions dans la réglementation sont annoncés dès cette semaine.

La nouvelle version de MaPrimeRénov’, censée promouvoir les rénovations d’ampleur, aura vécu à peine deux mois. Assouplissement nécessaire ou détricotage en règle, chacun jugera. Face à la chute des demandes de dossiers depuis le début d’année (40.000 seulement à fin février) et face aux doléances persistantes des fédérations du bâtiment qui voient l’activité rénovation plonger, le gouvernement corrige le tir. Entre la massification des chantiers et l’efficacité des travaux, le choix a été fait.

Le retour en grâce du mono-geste

Les grandes lignes avaient été dévoilées dès la mi-février. Vendredi, le gouvernement a précisé les nouveaux contours de MaPrimeRénov’, qui devraient rapidement entrer en vigueur, puisque les décrets sont annoncés dès cette semaine. Première évolution de taille, les travaux mono-gestes très encadrés depuis le 1er janvier signent leur retour en grâce. Les propriétaires pourront ainsi bénéficier de la prime pour des travaux d’isolation ou de ventilation, sans nécessairement changer de mode de chauffage.

Même, les passoires thermiques classées F et G qui à partir du 1er juillet n’avaient plus d’autre alternative que dépasser par une rénovation d’ampleur, restent éligibles aux travaux mono-gestes. Par ricochet, l’obligation de fournir un DPE avant de solliciter une PrimeRénov’, devient désuète et disparaît. En place depuis le 1er janvier, ce DPE avant rénovation permettait pourtant d’éviter des mono-gestes peu efficaces -voir contre-productifs- comme l’installation d’une pompe à chaleur, dans des passoires thermiques. Il était cependant vu comme un élément de blocage du marché par les fédérations du bâtiment.  

Concernant le recours à MonAccompagnateursRénov’, le gouvernement a également annoncé une accélération de son déploiement et la simplification du dispositif en veillant à une meilleure répartition géographique sur l’ensemble du territoire. Le manque d’Accompagnateurs, passage devenu obligé pour une rénovation globale, avait en effet été pointé du doigt, identifié aussi comme un frein aux travaux. Dans la foulée, le dispositif RGE doit également être allégé pour permettre à davantage d’artisans d’y accéder. Aujourd’hui, seules 6% des entreprises du bâtiment disposent du précieux label, un chiffre très insuffisant pour envisager sérieusement la massification des chantiers de rénovation.

Partie remise ?

Ces évolutions ont aussitôt été saluées par les deux puissantes fédérations du bâtiment. « Les alertes sur la complexité de MaPrimeRénov’, réitérées par la FFB depuis l’été 2023, ont enfin été entendues, se réjouit la Fédération française du bâtiment. Sans réduire l’ambition du dispositif accompagné d’offre globale, il a été décidé de lever les freins sur les gestes simples, notamment en supprimant l’obligation de changer le système de chauffage et d’établir un DPE préalable. »

On s’en doute, les acteurs de la rénovation énergétique ne partagent pas l’avis. Fin février, en réaction aux premières annonces, la fédération Soliha appelait le gouvernement « à maintenir ses ambitions en matière de rénovation énergétique des logements », estimant que les annonces de simplification constituaient de « réels freins à la dynamique initiée, qui actait pourtant d’un cap vers des rénovations globales, performantes et accompagnées ».

Le gouvernement a tranché, la raison économique semble avoir été la plus forte. Mais en favorisant à nouveau les travaux mono-gestes, dont l’efficacité énergétique a souvent été mise en cause ces dernières années, cette subite et énième refonte de l’aide prête à nouveau le dos à la critique.

La Capeb le reconnaît d’ailleurs dans son communiqué. « S’agissant des rénovations d’ampleur, la Capeb partage l’idée qu’elles sont évidemment les plus efficaces. Mais les imposer de manière trop forte et trop rapide a abouti aujourd’hui à bloquer le marché comme nous l’avions prévu. » Autrement dit, oui  la rénovation globale est bien sûr préférable, mais ce n’est pas possible.

Question de timing. Pas possible aujourd’hui, mais peut-être demain? Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, l’avait d’ailleurs évoqué sur CNews fin février : le gouvernement reste favorable aux rénovations globales, et l’objectif de 200.000 rénovations d’ampleur annoncé initialement pour 2024 serait atteint plutôt en 2025.

A suivre, donc. Car il faut sans doute s’attendre, encore, à une nouvelle version MaPrimeRénov’ pour 2025 puisque ces aménagements décidés dans l’urgence semblent n’avoir d’autre vocation que de relancer l’activité rénovation et de soutenir le bâtiment. Il ne reste plus qu’à espérer que la version 2025 ne soit plus pérenne: car entre les avancées et les rétropédalages, tout le monde peine aujourd’hui à s’y retrouver. La stabilisation participe aussi à la simplification.

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