On connaissait les bienfaits du télétravail sur la productivité ou le bien-être des salariés, un peu moins sur la consommation énergétique. Dans le cadre du plan de sobriété énergétique, le ministère de la Transition écologique s’est livré à une petite expérience pour savoir si la planète n’y gagnait pas un peu aussi.
De 20% à 30% d’économies d’énergie sur une journée. Les chiffres de l’étude conduite par l’Ademe et l’IFPEB (Institut français pour la performance du bâtiment) sont plutôt encourageants. « Les premiers résultats montrent que le bilan énergétique du télétravail est positif et même très positif lorsqu’il est organisé », se réjouit le ministère de la Transition écologique. Lorsqu’il est « organisé » et mieux encore, lorsqu’il est « rationalisé ».
Explication. « Lorsqu’il s’accompagne de la fermeture d’un site sur plus de 48 heures, le potentiel global se situe entre 20 et 30% d’économie d’énergie sur une journée. » Dans son expérimentation, le ministère a programmé la fermeture totale de ses bureaux sur 10 sites pendant quatre jours (vendredi et lundi télétravaillés + week-end) à deux reprises. « Sans fermeture de site, l’impact de l’absence d’une partie des travailleurs sur site est faible sur les consommations de gaz et d’électricité (chauffage, ordinateurs, éclairage…). En revanche, la fermeture de site sur une journée génère des économies d’énergie de 25 à 40% à l’échelle du bâtiment, qui pourraient être optimisées par un travail fin avec les exploitants de chaque site et un protocole de fermeture méthodique. »
Si le télétravail permet autant d’économies, c’est parce que dans leurs savantissimes calculs, les experts de l’Ademe et de l’IFPEB ne s’arrêtent pas aux seules économies de chauffage ou d’électricité dans les bureaux. Leur étude prend aussi en considération les déplacements domicile-travail. Du coup, le gisement d’économies se révèle encore plus important en province. « L’expérimentation montre qu’en région, les économies d’énergie sont 2 à 4 fois plus importantes qu’à Paris. »
Des économies au bureau, un effet rebond limité chez soi
Oui, mais si on consomme moins au bureau, peut-être consomme-t-on plus chez soi? Pas forcément. Les premiers résultats montrent « un effet rebond très faible dans les logements ». « La consommation journalière moyenne d’un foyer étant de l’ordre de 20 à 40 kWh, l’effet rebond est compris entre 3,5% et 7%. Cet effet rebond est très limité, particulièrement au regard des gains réalisés sur les déplacements et les bureaux. » Et toujours d’après l’étude, cet effet rebond est d’autant plus limité lorsque le salarié vit dans une maison correctement isolée.
Si le ministère se réjouit de ces résultats, il s’agit encore d’une expérience très limitée : dix sites, 100 agents du ministère sur cinq mois, durant la période de chauffe 2022-2023. « Avec cette expérimentation, nous mesurons pour la première fois concrètement les économies d’énergie permises par le télétravail en intégrant le possible effet rebond chez les collaborateurs », indiquait en début de mois, Agnès Pannier-Runacher ministre de la Transition écologique. « Cette expérimentation a vocation à être élargie et à nourrir le dialogue social sur les conditions de travail. »
Be the first to comment