La greentech NamR produit des données capables d’accélérer tous les chantiers du BTP – et notamment ceux de la rénovation. Elle monte en puissance patiemment… le temps que le marché mûrisse ! « Nous utilisons aujourd’hui seulement 10% de la puissance de notre base de données. »
C’était il y a un peu plus de cinq ans : Grégory Labrousse, entrepreneur en série, répondait à un appel à projet du ministère de l’Écologie. Objectif : montrer qu’il était possible, en s’appuyant « simplement » sur la force des données (comprendre : sans se déplacer) de caractériser avec précision un portefeuille immobilier spécifique, en l’occurrence les bâtiments scolaires des Hauts-de-France.
34 millions de bâtiments en base
Depuis, le projet a grandi et bien pris d’autres formes : la start-up NamR, spécialisée dans l’exploitation de l’Open Data, a développé une base de données qui lui permet de « caractériser les 34 millions de bâtiments français », tant d’un point de vue morphologique (mesures du bâtiment, matériaux de toiture, etc) que du point de vue de leur potentiel écologique : réduction de carbone possible, résilience face au changement climatique, développement harmonieux avec la Nature…
« Tout le socle technique de NamR a été construit durant les trois premières années, consacrée à la R&D, explique Chloé Clair, associée et directrice générale. C’est ce qui nous distingue aujourd’hui : notre capacité à nettoyer une base de données, à la croiser avec d’autres et à retrouver les éléments manquants grâce à l’IA. »
Ingénieure et architecte X-Ponts, ancienne CTO chez Vinci Construction, Chloé Clair est arrivée dans l’entreprise fin 2020. Elle rappelle que NamR crée de la « donnée actionnable », mais pour autant, ce n’est pas parce qu’on a une solution technique décoiffante que les clients se pressent à la porte. « Il a fallu mettre en lumière tous les cas d’usage possible – et de fait ils sont très nombreux. Cela veut dire tester le marché et choisir nos priorités. Nous avons d’abord commencé à travailler avec les assureurs, pour les aider à mieux prédire les sinistres. Progressivement, nous avons développé une offre de “Data as a service” : les entreprises pouvaient appeler nos données lorsque les internautes remplissaient des formulaires sur leur site, par exemple. Quelqu’un saisit son adresse et vous apprenez immédiatement qu’il est équipé de panneaux solaires. »
Capable de prédire un DPE
Mais le marché n’est pas encore mature… « La banque, le BTP, tous trouvaient notre proposition intéressante mais de fait, on s’est retrouvé avec une offre qui plaisait, dans un marché qui n’était pas prêt. On a même vendu des donnée à des clients qui ne les ont finalement jamais exploitées. »
Alors, NamR se focalise sur la complétion : la start-up part de sets de données incomplets, les compile, ajoute une (grosse) pincée d’expertise métier – en embauchant des thermiciens notamment – et remplit ainsi les trous. « Nous avons mis 18 mois pour que notre algorithme soit capable de prédire un DPE sur n’importe quel bâtiment de France. A 80% de DPE justes, plus ou moins une lettre, ça nous semblait bien. »
Depuis une petite année, NamR a encore enrichi son offre en vendant des simulateurs en marque blanche, qu’il s’agisse de simuler des travaux de rénovation énergétique, un potentiel solaire ou encore un risque climatique. « Avec cette différence que chez nous, tout est pré-rempli : vous entrez une adresse et toutes les informations remontent. »
L’entreprise se met clairement au service de la sobriété énergétique et devrait permettre aux professionnels de respecter les nouvelles obligations réglementaires, de la réduction de l’empreinte carbone à l’objectif de zéro artificialisation nette des sols.
En tant que start-up, NamR décroche des financements avant de vendre son produit. « Pour moi c’est encore un peu étrange, ce fonctionnement à l’envers, sourit Chloé Clair. Mais le marché évolue et je me réjouis de contribuer à un projet d’écologie qui tôt ou tard sera global : NamR pourrait très bien travailler tôt ou tard sur le vivant, comme il se penche aujourd’hui sur la modélisation des îlots de chaleur urbains. »
À retenir
- DeepTech, Green Tech, French Tech… NamR, créée en 2017, coche toutes les cases de l’entreprise engagée et désirable aux yeux des citoyens de 2023.
- Elle compte 50 collaborateurs, dont 30 ingénieurs spécialisés dans la data (data scientists, data engineers, data analysts…).
- En janvier dernier, elle a lancé une augmentation de capital de près de 5 millions d’euros, après une levée de fonds de 8 millions d’euros en 2021.
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