En mettant à disposition des artisans des containers de tri, en venant les collecter et en organisant soigneusement le recyclage en aval, la start-up nantaise fait sa place sur le marché encore presque intact des « chantiers propres ».
Sur les chantiers et notamment en rénovation, on trouve peu de solutions opérationnelles de tri des déchets. Marie Charoy, responsable Communication, Marketing et RSE de Tri’n’Collect, dresse un tableau éloquent : « Le BTP représente à lui seul 46 millions de tonnes de déchets par an, en France. Cela n’intègre même pas les travaux publics. Et c’est une fois et demie plus que les déchets ménagers (30 millions de tonnes). »
Bienvenue dans la « Low tech » !
Or, les déchets du BTP sont presque tous recyclables : bois, métal, plâtre, plastique, verre… « Si l’on traitait tout ça à la source, reprend Marie, on sauverait de l’enfouissement un grand nombre de ces déchets. Mais les artisans n’ont que peu de solutions de tri, hormis les sacs à gravats qui finissent avec des déchets en mélange et donc peu valorisés. »
Face à cet enjeu, la technologie ne pèse pas très lourd : il faut responsabiliser tous les acteurs du bâtiment avec le tri à la source. C’est le pari qu’a fait l’équipe de Tri’n’Collect : « Nous proposons des stations de tri, que nous venons installer sur place et que nous collectons ensuite à intervalles réguliers. Un artisan à qui l’on met à disposition cinq containers va trier, pourvu qu’on lui facilite les choses, il peut se prendre au jeu. Même sans considérer l’aspect environnemental, c’est plus intéressant d’un point revue financier que de tout déposer en déchetterie. »
Avec une approche très pragmatique, au cas par cas, l’équipe de Tri’n’Collect s’inscrit dans la « Low Tech » et se présente comme un maillon dans un écosystème plus large. « Notre action ne restera pertinente que si l’on parvient à trouver les meilleures filières de valorisation, les plus proches et les plus vertueuses possibles. Pour la laine de verre par exemple, l’usine de valorisation la plus proche se trouve à Orange. Il n’est pas pertinent d’y transporter la laine : le bilan carbone n’est pas bon. On va favoriser le réemploi local avec l’isolation de combles perdues, par exemple. »
Réglementation : les vents sont favorables
L’équipe estime qu’elle fait « bouger les lignes », et valorise aujourd’hui 10.000 tonnes de déchets à hauteur de 90%. « Nous prouvons que c’est possible. » Après des premiers marchés décrochés en 2020 sur des maisons individuelles, elle est aujourd’hui sollicitée pour intervenir sur des chantiers d’immeubles.
Une obligation réglementaire est venue en appui de sa croissance : c’est le tri « 7 flux », en vigueur depuis juillet 2021 (à l’ancienne obligation de trier le papier/carton, métal, plastique, verre et bois s’ajoutent les déchets de fraction minérale et les déchets de plâtre). Tri’n’Collect s’adresse depuis peu aux chantiers de déconstruction sélective, avec une équipe dédiée pour la dépose et la volonté d’optimiser le réemploi. Et s’intéresse de près aux promesses de la REP, Responsabilité élargie du producteur, prévue par la loi Agec (Anti-gaspillage et économie circulaire), qui depuis ce 1er mai veut que celui qui fabrique, qui distribue ou qui importe un produit prenne en charge sa fin de vie.
À retenir
- L’entreprise a été fondée en 2019 à Nantes, par trois associés : Quentin Charoy, Edouard Lefevre et Olivier Humeau.
- Tri’n’Collect est une entreprise à mission (loi Pacte), dont l’objectif est la préservation des ressources naturelles de la planète par la prévention des déchets de chantier et leur recyclage en boucle d’économie circulaire.
- 13 agences sur l’arc Atlantique, 100 collaborateurs.
- Plus de 4.000 chantiers équipés.
- Objectif : atteindre les 90% de recyclage sur un chantier.
- Quelques témoignages clients sont disponibles sur YouTube.
Soyez le premier à commenter