Personne n’a envie de voir son logement les pieds dans l’eau. Pourtant, 17 millions de Français sont aujourd’hui exposés à une inondation, sans forcément le savoir. Presque une commune sur deux (46%) est concernée. Pourquoi achète-t-on en zone inondable ? L’Inrae et la Fondation Maif ont planché sur le sujet. Si les logements en zone inondable sont souvent moins chers, les ménages ne sont pas suffisamment informés et sous-estiment le risque.
L’information existe pourtant. Pas de vente ou de location sans un état des risques et pollutions (ERP) mis à jour. Simple document recto-verso, longtemps noyé dans une paperasse abondante, le locataire ou l’acquéreur n’y prêtait pas forcément un grand intérêt d’autant qu’il le découvrait souvent au moment de signer, une fois son choix arrêté. Peut-être à l’avenir y accordera-t-il davantage attention, maintenant qu’une information sur les risques est mentionnée dès la petite annonce, et que l’ERP doit être fourni dès la mise en vente d’un bien.
Zones inondables, un risque sous-estimé
Car l’étude récemment publiée montre que les ménages cherchent d’abord à éviter les zones inondables. Moins de demande, donc moins cher. Les chercheurs de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), auteurs de l’étude, observent même une sérieuse dépréciation à travers les communes de l’arc méditerranéen étudiées : « les logements en zone inondable sont 10% moins chers (…) dans la zone Occitanie et 21% moins chers (…) dans la zone Var Alpes-Maritimes ». « Le risque d’inondation a une valeur importante pour les résidents à côté des autres caractéristiques des logements ». Autant dire que cela se traduit par plusieurs dizaines de milliers euros en moins sur le coût d’achat d’une maison dans les sept départements de l’étude. Pas négligeable.
Mais si on jette son dévolu sur un bien en zone inondable, ce n’est pas seulement une question de prix. C’est aussi une question d’information. Retour à l’étude de la Fondation Maif, parmi les 472 propriétaires de l’échantillon, seuls 37% ont conscience d’habiter en zone habitable. Le compte n’est pas bon. Vérifications faites, « 53% des personnes enquêtés habitent dans une zone inondable selon le zonage des plans de prévention des risques d’inondation (PPRi) ». « Cette différence peut signifier que les ménages sous-estiment le risque encouru ou n’ont pas conscience de leur situation. »
Y’aurait-il un déficit d’information ? Quelles sont les informations prises en compte au moment d’acheter ? « La connaissance des plans de prévention des risques inondation (PPRi) n’a pas d’impact significatif sur les choix résidentiels alors que l’information acquéreur-locataire (IAL) joue dans le sens d’une plus grande prise de conscience du risque.» Même si ses informations sont jugées « abstraites » par les auteurs, cet état des risques remplit donc son rôle jouant “parfois dans le sens d’une plus grande prise de conscience du risque”.
Un état des risques enrichi
Il est cependant possible d’aller plus loin encore, « avec des informations à la fois concrètes et individualisées sur les risques encourus ». Les auteurs de l’étude se sont livrés à une petite expérience auprès des propriétaires de leur échantillon en apportant « des informations encore plus détaillées, avec des illustrations à l’appui ». Tantôt l’information portait sur les conséquences négatives des inondations ; tantôt sur des mesures de protection mises en place dans la commune pour réduire la probabilité d’une inondation. Verdict, d’un côté une aversion à habiter en zone inondable encore renforcée; de l’autre, en revanche, on « atténue l’aversion contre les logements en zone inondable ».
Sans aller jusqu’à une étude de vulnérabilité aujourd’hui trop coûteuse, les auteurs plaident donc une amélioration de l’information acquéreur-locataire. Avec une information dès la mise en location/vente (c’est déjà le cas depuis le 1er janvier), mais aussi avec « une formation à destination des agents immobiliers et agents municipaux, afin de s’assurer que les informations contenues dans les dossiers soient bien interprétées ».
Renforcer encore l’information sur les risques à la vente et à la location, la proposition est souvent revenue au cours des dernières années à travers les rapports et autres missions parlementaires. Car le risque inondation coûte cher aux assureurs, en moyenne 1,3 milliard d’euros chaque année, et avec le réchauffement climatique, la facture est promise à une inflation certaine.
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