L’école doit aussi s’adapter au réchauffement climatique. Un sacré défi. Selon un récent rapport parlementaire, plus de huit établissements scolaires sur dix devront être rénovés d’ici 2050. Pour y parvenir, les députés recommandent davantage d’outils de diagnostic, avec un DPE élargi à l’ensemble des écoles et le recours à l’audit énergétique, jusqu’à présent réservé aux logements.
Le chantier est colossal. Plus de 60.000 écoles, collèges et lycées, et 151 millions de m² qui pèsent à eux seuls 30% du patrimoine public. Colossal par la taille, mais aussi dans l’effort à fournir. Car le parc immobilier scolaire apparaît « globalement en mauvais état ». Souvent très ancien. « Plus de la moitié du parc immobilier scolaire français date d’avant 1914 ou de la vague de reconstruction au sortir de la seconde guerre mondiale », expliquent les auteurs du rapport. Un établissement sur dix présenterait même « un état de vétusté important ». Les députés estiment ainsi que 86% des établissements scolaires devront faire l’objet d’une rénovation énergétique.
Le chantier est colossal, il est urgent aussi. Le rapport met ainsi en avant la faible résilience du bâti scolaire face aux épisodes de forte chaleur pourtant appelés à se multiplier dans l’avenir. Quand le mercure monte, l’attention baisse dans les classes. « 92 % des chefs d’établissement du second degré ont déjà été alertés par leurs personnels ou leurs élèves au sujet de la température des salles », relève le rapport. Au point de devoir parfois fermer des écoles lorsque les températures s’affolent, ou de décaler des épreuves du brevet comme cela s’est vu en 2019.
Le DPE affiché dans toutes les écoles
Comme pour le reste du parc public et tertiaire, la feuille de route est tracée. D’ici 2030, les établissements scolaires devront baisser de 40% leur consommation énergétique et réduire de 60% leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour y parvenir, les auteurs du rapport adressent de nombreuses recommandations dont certaines sur les outils de diagnostic qui font parfois défaut dans les établissements scolaires.
A commencer par ce DPE, le mètre étalon de la performance énergétique du bâti. Pourtant, 30% des écoles en restent dépourvues. Question de réglementation: seuls les bâtiments avec une superficie de plus de 250 m² sont tenus de réaliser et d’afficher un DPE. Le rapport propose donc d’élargir l’obligation de diagnostic à l’ensemble des établissements scolaires, sans limitation de taille, et quitte à apporter un soutien financier aux petites communes. Pour autant, le DPE n’apparaît pas suffisant aux yeux des parlementaires.
Comme pour le logement, le rapport recommande donc de « systématiser les audits énergétiques pour l’ensemble des établissements présentant manifestement une faible performance environnementale et énergétique ». Certes, des outils existent déjà pour accompagner les collectivités, mais les députés jugent leur déploiement et leur appropriation « très hétérogènes ». « Un travail d’audit est souhaitable pour prioriser au mieux les projets et identifier les besoins. Seuls des audits énergétiques permettront de prioriser les projets sur la base de critères objectifs et d’élaborer un cahier des charges précis des travaux nécessaires. »
Cet audit permettra de privilégier les opérations de rénovation énergétique globales, « prenant en compte l’ensemble des problématiques du bâti », plutôt que des rénovations par gestes, dont l’efficience est souvent sujette à caution.
Des capteurs de CO2 dans toutes les écoles
Puisque la rénovation passe, forcément, par une meilleure isolation dans les écoles passoires thermiques, le rapport n’oublie pas la problématique de la qualité de l’air intérieur (QAI). On le sait, même si la réglementation a évolué au cours des dernières années, la qualité de l’air intérieur reste encore négligée dans les bâtiments. Pour favoriser une meilleure information et doper la sensibilisation, les auteurs du rapport proposent d’installer des « capteurs CO2 dans l’ensemble des établissements scolaires ».
L’amiante ou le radon ne sont pas oubliés non plus. Les députés appuient ainsi la réalisation « dès que possible » de l’enquête sur la question de l’amiante dans les écoles. Celle-ci avait été annoncée par le ministère chargé de l’Éducation nationale pour la fin de l’année 2023, en réaction au reportage diffusé par l’émission « Vert de rage ». « Les rapporteures appellent l’État à se saisir davantage de cette question sensible sur le plan de la santé publique.»
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