Promise de longue date, MaPrimeAdapt’ prendra bel et bien son envol en 2024. Largement inspirée de MaPrimeRénov’, cette aide simplifiée doit doper les travaux d’adaptabilité dans le logement pour faire face au vieillissement galopant de la population. Pourtant, avant même son lancement, la nouvelle PrimeAdapt’ doit déjà essuyer de sérieuses critiques.
Pourquoi changer de recette ? Après tout, même si MaPrimeRénov’ est régulièrement égratignée, c’est aussi la rançon de son succès. On ne pourra pas lui retirer ça, la prime a ouvert la voie à une massification comme jamais auparavant.
Comme sa grande sœur, MaPrimeAdapt’ doit donc doper l’adaptabilité du logement. Indispensable pour faire face au vieillissement de la population : six millions de personnes auront dépassé 75 ans en 2030, et 35% des Français auront plus de 60 ans en 2050. Le maintien à domicile qui répond souvent aux aspirations des seniors, est un autre enjeu dans le logement de demain. Et là aussi, le chantier s’annonce colossal, puisque seuls 6% des logements seraient aujourd’hui adaptés aux personnes âgées.
680.000 logements à adapter en dix ans
Certes, des aides à l’adaptabilité existaient déjà. Mais le ministère de la Transition écologique en convient, ces dispositifs apparaissaient « complexes, illisibles et insuffisamment tournés vers l’adaptabilité ». Gros ménage. À partir du 1er janvier 2024, ces aides seront donc fondues en une seule aide unique, MaPrimeAdapt’.
Lors de la présentation du dispositif, jeudi à l’Assemblée nationale, le ministre du Logement Patrice Vergriete affichait les objectifs du gouvernement à travers cette prime : rénover 680.000 logements en dix ans. Avec une accélération sur les premières années : « Sur le quinquennat 2023-2027, l’ambition du gouvernement est de doubler le nombre de logements adaptés par an pour un budget de 1,5 milliard d’euros ». Objectif : 250.000 logements adaptés d’ici 2027. Pour y parvenir, quatre milliards d’euros seront injectés dans le nouveau dispositif (dont 1,5 milliard d’euros d’ici 2027).
L’aide sera ouverte aux seniors de plus de 70 ans, à leurs cadets de 60 à 69 ans lorsqu’ils sont en perte d’autonomie ainsi qu’aux personnes en situation de handicap. Douche italienne, barre d’appui, sol anti-dérapant, monte-escalier, volets roulants électriques… l’ambition est de réduire les risques de chute à domicile à travers ces travaux. « 10.000 chutes mortelles par an sont encore à déplorer », explique le ministère.
La subvention pourra se monter jusqu’à 70% pour les ménages aux revenus très modestes, 50% pour les ménages modestes, avec un accompagnement obligatoire. Et comme pour MaPrimeRénov’, l’aide repose sur une plateforme en ligne pour adresser sa demande, et sur les espaces France Rénov’ pour obtenir du conseil.
Une prime qui manque d’ambition
Largement inspirée de MaPrimeRénov’, MaPrimeAdapt’ apparaît d’ores et déjà ciblée par la critique. Dans un récent rapport, la Cour des comptes égratigne sévèrement la nouvelle aide « aux objectifs modestes ». On est très loin du compte, selon l’instance. « Les objectifs de logements à adapter pour tenir compte du vieillissement, fixés à 680.000 sur 10 ans, ne couvriront pas le besoin estimé des deux millions de ménages identifiés comme prioritaires. »
Au-delà d’un manque d’ambition, la Cour des comptes estime également que le format de l’aide n’est pas adapté. « L’opportunité des travaux d’adaptation au vieillissement reste largement liée aux occupants, là où la mutation vers un parc de logements thermiquement performant s’inscrit dans la durée, quel qu’en soit l’occupant. En d’autres termes, l’adaptation des logements au vieillissement relève plutôt de l’aide à la personne, là où l’adaptation thermique des logements constitue plutôt une aide à la pierre », expliquait début novembre, Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes.
1 Rétrolien / Ping