Passoire thermique : repoussoir ou opportunité ?

Le DPE pèse de plus en plus dans les transactions immobilières. Selon le dernier baromètre du groupe BPCE dévoilé ces derniers jours, le diagnostic est devenu un « critère important » pour trois quarts des acheteurs. Et une étiquette F et G se révèle tantôt un véritable repoussoir tantôt synonyme de bonne affaire.

Localisation, localisation et localisation. Ce n’est plus aussi vrai depuis que le DPE est venu jouer les trouble-fêtes. Le diagnostic avait déjà une sérieuse influence sur le prix de vente, démontrée depuis dix ans par les Notaires, il devient aujourd’hui déterminant. Selon le baromètre du groupe BPCE, 76% des acheteurs y voient un critère important. Ils ne sont plus que 3% (seulement) à ignorer ce qu’est le DPE. C’est dire la notoriété acquise par le diagnostic propulsé au devant de la scène par la loi Climat et résilience. D’ailleurs, la moitié des acteurs reconnaissent qu’ils ne se préoccupaient pas de DPE auparavant.

Les étiquettes F ou G, directement ciblées par les exigences de décence énergétique, sont forcément dans le collimateur. 38% des acquéreurs y voient une potentielle « bonne affaire » et reconnaissent s’y intéresser tout particulièrement. Après tout, dans le contexte actuel, c’est aussi la possibilité de négocier un substantiel rabais. A l’inverse, 37% les jugent comme un « repoussoir » écartant systématiquement ces biens de leur sélection personnelle.  

Une étiquette F ou G n’influence pas seulement les acquéreurs, elle est aussi devenue un motif de vente. Toujours selon ce baromètre, 43% des vendeurs évoquent un souhait de vendre directement lié au renforcement des contraintes de performance énergétique. Même si une proposition de loi est dans les tuyaux pour adoucir le couperet, l’interdiction de louer un logement classé en G dès le 1er janvier 2025 continue à peser.

Le DPE reste souvent surestimé

Si les Français sont sensibles à leur étiquette au moment d’acheter ou de vendre, c’est loin d’être le cas de tous. Paradoxalement, comme l’ont montré de nombreuses enquêtes sur le sujet, les propriétaires ont toujours cette fâcheuse tendance à méconnaître leur DPE et à surestimer leur bien.

Selon le baromètre du groupe BPCE, 17% des propriétaires d’une résidence principale estiment que leur bien est aujourd’hui classé E, F ou G. La réalité est pourtant bien différente: la photographie du parc donne plutôt 37% de biens en E, F ou G. En fait, à peine un propriétaire sur deux connait le DPE de son logement. A l’inverse plus de 30% des propriétaires de résidence principale pensent que leur logement est classé A ou B ! Cela vaut pour la résidence principale, cela vaut aussi dans une moindre mesure pour les biens en location : 28% des bailleurs ignorent encore le classement de leur bien.

Malgré une notoriété croissante, cette méconnaissance de la classe énergétique du bien reste un sérieux frein à la rénovation énergétique. Comment savoir si des travaux de rénovation sont nécessaires lorsqu’on n’a même pas conscience des faiblesses de son bien ?

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