Beeldi automatise la conformité réglementaire des bâtiments

En novembre dernier, la start-up française Beeldi a levé 8 millions d’euros pour “accélérer la rénovation énergétique des bâtiments”, après une première levée de fonds (1,3 million) début 2020. D’abord positionnée sur l’audit technique et dédiée aux facility managers, la start-up s’ouvre désormais au marché de la conformité réglementaire et environnementale, à travers les gestionnaires et propriétaires d’actifs immobiliers. Les explications de Kevin Le Port, CEO et co-fondateur.

Deux collègues, deux associés

Kevin Le Port travaillait chez Engie quand il a eu l’idée de créer Beeldi. Ingénieurs Arts & Métiers, énergéticien, il réalisait alors lui-même des audits de bâtiments, dans un objectif de réduction des factures d’énergie. “Je me suis rendu compte que je n’obtenais pas les mêmes résultats que mes deux stagiaires, ni que mes collègues. Nos rapports d’audit n’étaient jamais uniformes. Or, ce que demande le client, c’est bien de pouvoir comparer ses bâtiments entre eux sur une même base.”

Kevin fait part de ce problème à Thomas Feltrin, l’un de ses collègues chez Engie, chargé des outils et méthodes. Quelques mois plus tard, Thomas deviendra… son associé. “Nous avons constaté que les écarts entre nos rapports s’expliquaient à la fois par les process et par les outils. À cela s’ajoute un troisième facteur, même s’il est moins significatif : l’humain. Nous avons donc commencé à développer une solution logicielle capable d’aplanir ces disparités.“

Une application mobile et un plan d’actions

Ce sont les tout premiers pas de Beeldi, qui prend à l’époque la forme d’une application mobile disponible sur tablette et mise à disposition des facility managers (auditeurs).

“On a commencé par eux, on n’avait pas envie de réinventer la roue. Un seul gestionnaire d’actifs, comme Nexity, peut très bien travailler avec plusieurs facility managers et chacun d’eux réalise ses audits avec ses propres outils. Notre ambition était de rendre ce travail le plus homogène possible.“

L’application propose de (nombreux) points de contrôle associés aux équipements, avec un mode “flash” et un mode “smart” plus poussé.

L’étape suivante s’est imposée d’elle-même : proposer un plan d’actions post-audit. C’est ce que fait Beeldi aujourd’hui, avec des actions hiérarchisées en fonction de leur impact (conformité réglementaire, économies d’énergie, etc.) ou encore des propositions de “quick wins”, autrement dit des actions faciles à mettre en œuvre et dont on peut mesurer rapidement les bénéfices.

La donnée, la donnée et encore la donnée

“Ce plan d’actions est dynamique, poursuit Kevin Le Port, au regard des nombreuses réglementations qui arrivent dans le BTP, qu’il s’agisse des fluides frigorigènes ou encore du plan pluriannuel de travaux. Il permet à l’utilisateur d’automatiser la conformité réglementaire.”

Avec sa récente levée de fonds, Beeldi a pris une nouvelle envergure et s’ouvre aux gestionnaire d’actifs eux-mêmes. “Nous remettons la donnée technique au centre du bâtiment et ouvrons les accès à tous les professionnels concernés.“ Attention, l’idée n’est pas de court-circuiter les facility managers qui en restent les premiers utilisateurs. “Nous leur faisons gagner jusqu’à 40% de leur temps. La restitution de l’audit se fait sur une plateforme Web, en toute transparence.“ 

Bien entendu, ces données-là intéressant beaucoup de monde dans l’écosystème de la rénovation et l’on frappe régulièrement à la porte des deux associés. “Notre plus grand défi est désormais de prioriser nos cas d’usage”, conclut Kevin Le Port.