Le 12 janvier dernier, le gouvernement muscle son jeu en lançant France Rénov’. L’objectif est de proposer un accès simplifié aux travaux de rénovation. Rencontre avec Michel Pelenc, directeur de la fédération Soliha, qui est l’une des premières à pouvoir exercer en tant qu’Accompagnateur Rénov’.
Accompagnateur Rénov’ avant l’heure
Allo Molière ? Ici Jourdain. Avant même que l’on parle de rénovation énergétique, Soliha proposait un service de suivi des travaux. Depuis plus de 50 ans, la fédération Soliha et ses associations sont aux côtés des particuliers. « Nos missions ? L’accompagnement des ménages, mais aussi l’amélioration, la rénovation, l’adaptation et la lutte contre l’habitat indigne pour les ménages modestes ». Michel Pelenc, poursuit : « Il faut rendre l’accès au logement locatif au meilleur rapport qualité/prix pour les locataires ».
Soliha a participé à la rénovation de 300.000 logements avec l’aide Habiter Mieux Sérénité de l’Anah (Agence nationale de l’habitat). Rien qu’en 2020, la fédération a accompagné 34.000 foyers dans leurs travaux de rénovation énergétique.
Le directeur nous donne un exemple: « le locataire constate qu’il paie plus d’électricité que ce qu’il devrait avec des revenus modestes, il peut faire appel à son propriétaire qui fera intervenir un agent pour réaliser un diagnostic travaux ». En effet, Soliha propose de réaliser un diagnostic pour ensuite optimiser le financement de son client.
Soliha joue un rôle de « conseiller » à la fois technique et financier, qui permet aux ménages de ne pas se perdre dans le maquis des aides entre les MaPrimeRénov’, les Éco-PTZ, les aides de l’Anah, les dispositifs locaux, etc. Michel Pelenc perçoit tous ces nouveaux dispositifs d’un bon œil. Mais ce n’est pas encore assez aux yeux du directeur. Il estime que « des aides massives seront encore nécessaires pour permettre au plus grand nombre d’avoir un logement décent ».
« Une agence immobilière avec un truc en plus »
« Une agence immobilière à vocation sociale ». Michel Pelenc, met un point d’honneur sur la relation avec le client. « Nous voulons que nos clients se sentent en sécurité chez eux ».
Avec un accompagnement de « A à Z », Soliha rassure le particulier souvent perdu, parfois même apeuré par cette rénovation. Le directeur résume ces actions en quatre points. Le premier, la constitution du dossier: « il faut commencer par expliquer les aides, les droits à nos clients pour trouver un financement, le plus avantageux possible». Ensuite, « les inciter à faire les travaux de rénovation (…) pour beaucoup quand on parle de rénovation énergétique, c’est le flou, notre rôle c’est de faire un suivi complet du dossier pour rassurer les particuliers ».
Autre point tout aussi important, le financement, la fédération coopère avec plusieurs partenaires : « je travaille au quotidien avec l’Ademe, l’Anah ou encore la Caisse de retraite car en fonction du profil, les besoins ne sont pas les mêmes ».
L’ouverture au privé inquiète
Soliha ne cache pas ses ambitions et espère atteindre « les 80.000 logements à améliorer dès l’année prochaine ». Un objectif facilement réalisable pour Michel Pelenc. D’ailleurs, le directeur constate déjà une augmentation de la demande depuis le début de l’année.
« Pour l’instant nous sommes les seuls à être Accompagnateur Rénov’, notre crainte, c’est l’entrée des privés dans le système. » La fédération s’inquiète de l’arrivée de ces nouveaux acteurs annoncée et voulue par le gouvernement. Un décret actuellement en consultation entend ouvrir le dispositif à des acteurs privés agréés, et rendre obligatoire, dès 2023, l’accompagnement à partir de 5.000 euros de travaux.
Michel Pelenc craint « une catastrophe ». « On ne peut pas garantir une neutralité dans le conseil au particulier, lorsqu’il y a des intérêts privés derrière. Je pense notamment à Engie et ses filiales qui ont des moyens énormes qui vont orienter les ménages.” Pour notre interlocuteur, on risque de s’éloigner de la logique d’information pour entrer dans une sorte « d’opération commerciale déguisée ».
Nous avons sollicité l’accompagnement de SOLIHA (Ardèche) en 2020, 6 mois avant d’acheter une maison à rénover en vue d’un logement économique et social. Nous sommes le 25 août 2022 : rien n’est commencé. L’accompagnement est pitoyable. Il a fallu plus de 6 mois pour obtenir un premier rendez-mois, suivi d’une visite de la maison achetée entretemps- 3 mois plus tard. 11 mois pour obtenir le dossier à remplir etc… enfin, en mai 2023 nous avons reçu une notification de l’ANAH pour … 16000 € de subvention (pour un chantier de 100000 validé par un dossier technique monté en plus d’un an). Bref, bilan des opérations : les travaux n’ont toujours pas commencé ; nous avons fait refaire les devis 6 fois (pour rien) ; ce que l’ANAH nous accorde d’une main est repris en partie de l’autre par SOLIHA (cf par exemple la facture d’une AMO inexistante) ; pas de suivi de dossier ; des référents injoignables ; aucune explication sur des dossiers très complexes ; plus de . Nous n’avons peut-être pas eu de chance. Manque de moyens de la part de SOLIHA ? Incompétences de certains acteurs ? En tout cas, c’est loin d’être satisfaisant et nous ne savons même pas à qui en référer…