“Que les Français voient un vivre mieux”

Pouvoir d’achat, rénovation énergétique, même combat. La nouvelle ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, qui a hérité du logement entre autres attributions, s’exprimait sur le plateau de France 2, le 3 juin. Pour booster la rénovation, réaliser des économies dans le logement, le gouvernement compte s’appuyer sur MaPrimeRénov’.

750.000 logements rénovés et aidés par l’Anah (Agence nationale de l’habitat) en 2021. Plus de 200% d’augmentation, qui dit mieux? MaPrimeRénov’, la prime de transition énergétique, y est pour beaucoup puisqu’elle pèse à elle-seule pour 650.000 rénovations. On ne change pas une recette qui marche, Amélie de Montchalin compte bien s’appuyer dessus pour éliminer les passoires énergétiques.

“Mon enjeu aujourd’hui, c’est que tous les Français, dans tous les territoires, voient un vivre mieux”, expliquait-elle vendredi 3 juin, invitée des “4 vérités”. Et forcément, ce “vivre mieux” passe par une rénovation énergétique. “Depuis 2020, on a rénové 700.000 logements par an. Si on continue, à ce rythme là, dans cinq ans, on aura éradiqué quasiment toutes les passoires thermiques qui sont mauvaises pour le pouvoir d’achat, mauvaises pour le climat.” Petit bémol cependant, les copropriétés, un “enjeu majeur”, sur lequel les gouvernements successifs se cassent les dents. Pour lever cet écueil, la ministre compte sur “la concertation avec les acteurs du logement”.

Le compte n’est pas bon

700.000 rénovations annuelles, le rythme paraît soutenu, du jamais vu même, mais il est peut-être insuffisant encore. Avec 3,5 millions de logements rénovés dans les cinq ans, on sera bien loin d’en avoir fini avec toutes les passoires énergétiques comme le suggère Amélie de Montchalin. Selon les experts, avec le nouveau DPE, nous serions plus proches des 7 à 8 millions de passoires énergétiques. En clair, à ce rythme, il faudrait 10 ans pour en finir avec les logements les plus énergivores.

Et puis, MaPrimeRénov’ n’est pas forcément synonyme de nette amélioration de la performance énergétique. “On ne doit pas confondre 700.000 MaPrimeRénov’ et 700.000 rénovations”, confiait voilà peu Bénédicte Rouault, de la Fnaim. On le sait, plus de huit chantiers sur dix financés par la prime de transition énergétique, sont “monogestes”. En clair, ils ne portent que sur un seul poste de travaux, le plus souvent, le chauffage. Mais changer sa vieille chaudière au fioul pour une pompe à chaleur ultra-performante ne fera pas basculer la classe énergétique du F au A. Pour une rénovation performante et un logement réellement vertueux, il faut agir sur différents postes en même temps: isolation, ventilation, chauffage…

L’efficacité du dispositif est de plus en plus dénoncée. La Cour des comptes s’est déjà penchée sur le sujet, si MaPrimeRénov’ a sans doute permis de massifier la rénovation énergétique, le gain de performance énergétique n’est peut-être pas à la hauteur des sommes investies. Autrement dit, si le gouvernement veut vraiment éradiquer 700.000 passoires énergétiques par an comme l’annonce Amélie de Montchalin, le dispositif devra sans doute être revu.