Rénovation: le gouvernement doit revoir sa copie

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Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim et Yannick Ainouche, président de la CDI Fnaim

Le gouvernement avait sous-estimé le nombre de passoires énergétiques, les objectifs de rénovation affichés par la loi Climat et résilience semblent difficilement tenables. Lors de son point de conjoncture semestriel, la Fnaim a de nouveau appelé à davantage de réalisme et à la nécessité de revoir le calendrier pour éviter que cette rénovation ne se transforme en bombe à retardement.

Un an que le nouveau DPE a vu le jour, on y voit un peu plus clair. Le verdict est sans appel, avec la nouvelle mouture du diagnostic, le nombre de passoires énergétiques a bondi. “La part de DPE « F » ou « G » dans les transactions est plus élevée avec le nouveau DPE (14,6%) qu’avec l’ancien DPE (11%), dans toutes les régions”, explique la Fnaim.

Trois petits pour cents, sur le papier cela peut sembler ridicule, dans la réalité cela représente des centaines de milliers de logements supplémentaires à rénover pour tenir les objectifs de rénovation. Pour Jean-Marc Torrollion, on en est loin, très loin. Le patron de la Fnaim remet les pendules à l’heure, les 700.000 rénovations dont se targue le gouvernement correspondent avant tout à des chantiers monogestes, et sûrement pas à des rénovations globales. La Fnaim rappelle ainsi que selon la Cour des comptes, seuls 2.500 logements sont sortis du statut « passoire thermique » en 2021 grâce à MaPrimeRénov contre les 80.000 espérés.

Revoir le calendrier de la rénovation

Puisque le nouveau DPE s’éloigne des 4,8 millions de passoires énergétiques escomptées, la Fnaim rappelle son souhait de revoir ce calendrier. “Nous demandons au gouvernement de faire très vite la lumière sur la réalité du parc et exigeons la transparence sur les résultats du nouveau DPE, explique la fédération. Sans ajustement à très court-terme du calendrier, nous risquons une perte de 150.000 logements dès le 1er janvier prochain et de voir le parc locatif se réduire considérablement à horizon 2034.” La réglementation prévoit en effet que les pires passoires énergétiques, celles dont la consommation en énergie finale excède 450 kWh/m²/an, ne puissent plus être louées dès janvier prochain. Doivent ensuite venir les logements étiquetés G en 2025, les F pour 2028 et enfin les E pour 2034.

Avec l’Unis et Plurience, la Fnaim avait déjà donné de la voix durant la campagne présidentielle pour justement revoir la politique de rénovation au cours des prochaines années, et l’aligner sur le calendrier européen: obligation de rénovation des logements G en 2030, des logements F en 2033. Certes, le calendrier accorde davantage de temps, mais il englobe tout le parc immobilier et pas seulement le parc locatif, avec une obligation de rénovation au moment de la mutation pour les propriétaires occupants.

Et pour atteindre ces objectifs, la Fnaim préconise le déploiement d’outils comme le Plan pluriannuel de travaux (PPT) ou une cartographie de l’indécence énergétique, mais aussi le déblocage de crédits “à la hauteur de l’effort sans précédent à engager (150 milliards d’euros)”.