Paris face au monstrueux défi de la rénovation énergétique

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Si Paris veut répondre aux ambitions de rénovation énergétique, la ville n’a d’autre choix que de se transformer en un monumental chantier. Une récente étude de l’Insee montre le colossal défi auquel doit faire face la capitale où les étiquettes E, F et G, ciblées par des obligations de rénovation, pèsent 54% du parc immobilier. Et davantage encore dans le privé.

Derrière les belles façades haussmanniennes, l’austérité énergétique. Confirmant plusieurs études, l’Insee recense 567.000 résidences principales à Paris intra-muros avec un DPE E, F ou G. Plus d’un logement sur deux (54%). Une singularité de la capitale, car “la part des logements classés E, F ou G est nettement plus importante (…) qu’à l’échelle régionale (45%) ou nationale (41%)”.

L’explication est simple, plus c’est ancien, plus l’étiquette énergétique a des chances d’être dégradée. Or la Ville Lumière reste en grande partie composée de logements sortis de terre avant 1948. “Les logements de cette période représentent 69% du parc.” A l’inverse, “la part des logements construits après 1975 représente seulement 21% du parc total contre 42% dans l’ensemble de la région”, notent les auteurs de l’étude.

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Les deux tiers du parc locatif privé en E, F ou G

Le défi de la rénovation est donc colossal, et plus encore dans le parc privé qui concentre l’énorme majorité (495.500) de ces passoires: presque six logements sur dix (58%) sont classés en E, F ou G. Bien sûr, tous ne seront pas obligatoirement à rénover dans les prochaines années, la loi Climat et résilience avec ses interdictions de louer (G à partir de 2025, F en 2028, E en 2034) ne s’adresse qu’au parc locatif.

Justement, l’état des lieux n’est guère réjouissant. L’Insee compte 308.300 ménages du parc privé louant en 2018 un bien classé E, F ou G dans la capitale. Autant de logements qui peu à peu risquent d’être exclus du marché locatif si leurs propriétaires n’effectuent pas les travaux nécessaires pour leur permettre de rester décents. C’est bien plus que nulle part ailleurs. “En effet, 66% des logements loués dans le parc locatif privé parisien sont étiquetés E, F ou G, contre 52% en petite et grande couronne et 47% dans le de la France métropolitaine.”

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Cette rénovation représente donc une sacrée épée de Damoclès sur le marché locatif parisien. Car l’Insee qui souligne que ces logements souvent de petite taille, sont occupés par des personnes seules ou des couples sans enfant avec des revenus modestes. “Cela signifie que, si leurs propriétaires bailleurs ne souhaitent pas ou ne peuvent pas effectuer les travaux nécessaires, ces ménages rencontreraient des difficultés à louer un logement plus performant à un niveau de loyer équivalent dans la capitale.”

La situation n’est guère plus plaisante du côté des propriétaires occupants, pour lesquels le coût des travaux peut se révéler rédhibitoire. “A titre d’exemple, pour un logement parisien, une isolation thermique par l’extérieur se chiffre en moyenne entre 20.000 et 25.000 euros.” Malgré les aides mises de l’État ou de la Ville de Paris, “le reste à charge pourrait, pour certains de ces ménages, freiner le lancement des travaux”. L’Insee note en effet que “près d’un quart des propriétaires occupants disposent de revenus modestes”, souvent des personnes seules, pour lesquelles des travaux d’isolation extérieure représentent une année de revenus.

Mal isolé, le logement parisien consomme aussi beaucoup moins

Une mauvaise isolation n’équivaut pas toujours à une consommation élevée. Exemple à Paris. “Malgré des diagnostics globalement moins favorables, la consommation réelle d’énergie reste modérée”, remarquent les auteurs de l’analyse. “L’étiquetage DPE des logements, étant établi à partir d’une modélisation des consommations énergétiques théoriques
en fonction des caractéristiques des logements (taille, époque et matériau
de construction, mitoyenneté, etc.), n’est que partiellement corrélé aux factures énergétiques.”

Qu’il soit propriétaire ou locataire, un Parisien consomme en moyenne environ 5.400 kWh d’énergie finale par an (chauffage, eau chaude, cuisson, éclairage, appareils consommant de l’électricité) contre 6.400 kWh pour un Francilien.”
Tiens donc, le Parisien serait-il plus vertueux que ses voisins d’Ile-de-France ou même que les provinciaux? En fait, l’explication tient à la taille réduite des logements de la capitale: 50m² contre 75 m² en Ile-de-France, et 91m² en France métropolitaine.

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