MaPrimeRénov’, peu efficace pour éradiquer les passoires énergétiques

MaPrimeRénov’ rencontre un vif succès auprès du particulier, mais son efficacité reste encore à démontrer. Que l’on rénove plus, ne veut pas dire que l’on rénove mieux. “Le nombre de logements sortis du statut de « passoire thermique » grâce à « MaPrimeRénov’ », estimé initialement à 80.000 pour l’année 2021 en PLF 2021 a été ramené à 2.500 pour la même année 2021 en PLF 2022, qui par ailleurs ne prévoit qu’un objectif de 20.000 pour l’année 2022”, selon un nouveau rapport publié la semaine passée. On est loin du compte.

Ce n’est pas la première fois que la Cour des comptes exprime quelques réserves sur l’efficacité du dispositif. “MaPrimeRénov’ se borne à afficher aujourd’hui des gains théoriques qui devront être vérifiés et consolidés », écrivait-elle en septembre dans un précédent audit. “MaPrimeRénov’ répond à des travaux simples et souvent uniques, tels que le changement de chauffage ou l’isolation de fenêtres, ce qui ne favorise pas le bouquet de travaux complémentaires qui permettrait souvent d’éliminer les passoires thermiques.”

La Cour des comptes n’est pas la seule à s’interroger sur l’efficacité réelle de la prime vedette, le comité d’évaluation de France Relance estimait en octobre que « l’effet réel sur la consommation énergétique et sur les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des rénovations énergétiques (bâtiments publics et logements privés) soutenues par le plan de relance est encore à évaluer ».

Mon Accompagnateur Rénov’ garant de l’efficacité

Au-delà des chiffres records, avec 750.000 primes octroyées en 2021, et deux milliards d’euros engloutis, le succès apparaît plus quantitatif que qualitatif. Près de neuf travaux sur 10 financés à l’aide MaPrimeRénov’, sont dits “mono-gestes”. Autrement dit, on isole ses murs, on change ses fenêtres ou sa chaudière, mais on fait rarement tous ces travaux en même temps. Or on sait que seul un bouquet de travaux peut améliorer significativement la note DPE d’un bien, et permettre de s’affranchir du statut de passoire énergétique.

Pour les associations, il y aurait sans doute mieux à faire avec cet argent. Le gouvernement avait à peine annoncé son intention de reconduire MaPrimeRénov’ avec deux milliards d’euros supplémentaires, que le Cler- Réseau pour la transition énergétique dénonçait “des aides mal ciblées” parce que non orientées vers les rénovations performantes. Les aides comme MaPrimeRénov’ “font gonfler les chiffres de rénovations, sans faire baisser les factures de chauffage et d’électricité de manière significative, et en dilapidant les ressources du plan de relance. Le maintien a minima de l’enveloppe globale de 2 milliards d’euros pour MaPrimeRénov’ doit donc s’accompagner d’une réorientation rapide vers des rénovations performantes visant le niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC)”.

MaPrimeRénov’ va-t-il demeurer ce carnet de chèques sans exigence d’efficacité énergétique en retour? Il faudra sans doute patienter le second semestre pour savoir à quoi ressemblera la prime de transition énergétique dans sa version 2023. Mais rien ne dit que le prochain gouvernement issu des urnes conservera le même modèle, dans un contexte où la rénovation énergétique devient une priorité, un peu plus encore. Néanmoins, on sait déjà qu’à partir de 2023, les aides de l’Anah -dont MaPrimeRénov’- seront soumises à l’accompagnement d’un professionnel Accompagnateur Rénov’ dès que les travaux dépassent les 5.000 euros. Un professionnel dont la mission sera justement de guider les ménages vers une rénovation performante et de veiller à l’efficacité des travaux.