La ventilation ne veut plus être le parent pauvre du bâtiment

VMC

Si la qualité de l’air intérieur a bénéficié d’un effet Covid, le soufflé est un peu retombé depuis. Les enjeux de santé publique, d’efficacité énergétique ou de durabilité du bâti liés à une ventilation efficience, ne souffrent pourtant plus d’aucune discussion. La filière des ventilistes s’organise, elle s’est constituée en association en 2021, pour rassembler, promouvoir, professionnaliser et mieux communiquer.

Elle est le parent pauvre à tous les étages. Dans les réhabilitations qui privilégient souvent la simple flux, dans la maintenance qui est négligée, dans sa mise en œuvre aussi avec un taux d’anomalie qui dépasse 80%. Et dans les diagnostics, dans la formation des professionnels souvent issus d’autres métiers…

Avec la massification de la rénovation, la ventilation et la qualité de l’air intérieur apparaissent pourtant plus essentielles encore. « On n’a plus le choix, on réalise des boites étanches, il faut à tout prix maîtriser la ventilation », exprime Claire Pitollat, députée des Bouches-du-Rhône, qui a fait de la qualité de l’air intérieur un sujet de prédilection. A l’occasion du green deal signé avec l’Ademe et le Plan Bâtiment durable fin avril, la députée rappelait les enjeux sanitaires de la qualité de l’air intérieur. Elle n’est pas la seule. Le Docteur Fabien Squinazi, membre du HCSP (Haut Conseil de santé publique) énumère quelques-uns des symptômes bien établis d’une qualité de l’air intérieur détériorée : diminution des performances cognitives et psychomotrices, syndrome du bâtiment malsain, maladies infectieuses, maux de tête, endormissement, humidité…  

Aérer, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant

On ne peut pas dire que rien n’a été fait depuis 20 ans. La qualité de l’air intérieur est aujourd’hui mieux encadrée. Des valeurs réglementaires sont mises en œuvre pour les établissements recevant du public, l’Anses publie régulièrement de nouvelles valeurs guide pour tel ou tel polluant, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (Oqai) a mis en place des valeurs de référence, une surveillance est obligatoire dans les écoles…

Dans l’esprit collectif, la qualité de l’air intérieur a un peu progressé aussi. Au moins sait-on que l’aération quotidienne de son logement ou de son bureau est nécessaire même si on rechigne à le faire en hiver. Nécessaire, mais pas suffisante. Car l’expérience montre qu’ouvrir ses fenêtres même plusieurs fois par jour ne garantit pas une bonne qualité de l’air en permanence.

En témoignent les mesures menées dans des salles de classe et rappelées lors de la signature du green deal, l’AFV (Association française de ventilation). Constat affligeant, les élèves passent parfois une majorité de leur temps dans un air détérioré, bien au-delà du seuil de 800 PPM, limite recommandée par le HCSP pour la concentration de CO2, et malgré l’ouverture des fenêtres. Seule une ventilation efficace permet de maintenir en continu une bonne qualité de l’air intérieur.

Le chantier est énorme avec une grande majorité des bâtiments français en dehors des clous. Parce qu’ils ont été construits avant la réglementation, parce que la VMC est mal entretenue, parce qu’elle a été mal dimensionnée, parce qu’elle est devenue totalement obsolète…

La ventilation, “sujet de santé publique”

La vocation de l’AFV et le green deal récemment signé avec Plan Bâtiment durable et l’Ademe doivent promouvoir ainsi une meilleure information auprès des occupants sur les enjeux et les risques liés à la qualité de l’air intérieur. Il s’agit bien de développer la ventilation, mais aussi de s’assurer qu’elle est correctement mise en œuvre, bien dimensionnée, et plus tard entretenue. La filière a encore besoin de se professionnaliser. Car s’il existe désormais des « ventilistes », la ventilation reste souvent le sujet d’artisans multitâches, plaquistes ou chauffagistes par exemple. Quel que soit le métier d’origine, l’AFV veut s’assurer que la ventilation sera correctement mise en œuvre.

Pas le choix, si on veut éviter que la vague de rénovations énergétiques soit réellement vertueuse et n’engendre pas d’effets pervers en matière de qualité de l’air. Donner tout sa place à la ventilation dans la rénovation globale apparaît donc essentiel. Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable, s’en réjouit même. Un bâtiment n’est pas seulement une construction, un assemblage de matériaux et d’équipements, la ventilation est « un sujet de santé publique » et elle permet enfin de « traiter le bâtiment à travers les personnes qui l’occupent et leur bien-être ».

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