Le DPE identifie de moins en moins de passoires énergétiques

DPE Logement

Les passoires énergétiques commencent-elles à refluer ? Dans son baromètre du DPE, la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim observe plus de 900.000 DPE réalisés en France pour le premier trimestre 2023, mais une proportion d’étiquettes F et G en net recul. Gare toutefois aux interprétations hâtives, la tendance doit encore se confirmer avant d’y voir un effet de la politique de rénovation énergétique.

Pas une chute, plutôt un fléchissement. Trimestre après trimestre, les milliers de DPE réalisés chaque jour en France identifient de moins en moins de passoires énergétiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les étiquettes F et G représentaient 19,3% des DPE réalisés dans l’existant au 2e trimestre 2022, elles pèsent 14,8% au premier trimestre 2023. Trimestre après trimestre, la tendance se confirme. 

Les propriétaires plus sensibles au DPE

Forcément, on est tenté d’y voir les fruits des efforts de rénovation et des centaines de milliers de travaux financés par MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’économies d’énergie. L’interprétation est tentante, mais il est encore trop tôt pour lire ce reflux des étiquettes F et G comme une amélioration de la performance énergétique du parc.

Car cette baisse observée peut aussi se révéler purement mécanique. Que le diagnostic donne moins de F et G tient peut-être uniquement aux conditions de réalisation du diagnostic. C’est d’ailleurs une explication privilégiée par la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim. Les particuliers connaissent mieux le nouveau DPE entré en service voilà bientôt deux ans, ils y sont aussi plus sensibles. « Les DPE sont mieux préparés en amont de la visite du diagnostiqueur », constate la fédération.

Mieux préparé, cela signifie donc plus de factures, plus de justificatifs fournis par les propriétaires pour renseigner ce que le diagnostiqueur ne peut deviner, comme la nature ou l’épaisseur d’isolant dans un mur. « En l’absence d’information sur certaines caractéristiques du logement, le diagnostiqueur saisit une valeur par défaut dans le moteur de calcul du DPE, lesquelles sont le plus souvent pénalisantes pour l’étiquette DPE », rappelle la Chambre des diagnostiqueurs. Les entreprises, les fédérations, le ministère aussi, ont beaucoup communiqué sur le sujet. Le message semble donc passer, de plus en plus de propriétaires comprennent l’importance à préparer la visite du diagnostiqueur, pour améliorer la classe énergétique.

Une baisse qui a besoin d’accélérer

Reflux des passoires énergétiques ou meilleure compréhension des enjeux du DPE, quelle que soit l’explication, cette tendance apparaît bénéfique. Elle reste cependant loin d’être suffisante si on veut tenir les objectifs assignés par Climat et résilience.

C’est aussi un des enseignements du baromètre de la CDI Fnaim qui montre combien l’enjeu de rénovation se révèle différent selon les territoires. Quand la Creuse ou le Cantal compte plus de 40% de passoires énergétiques, les départements du pourtour méditerranéen semblent plutôt épargnés. S’il fallait établir le portrait-robot des pires passoires énergétiques, un profil se dégage, celui de la maison ancienne d’avant 1948, située en zone rurale. Dans cette typologie d’habitat, 37% des biens écopent d’une classe F ou G.

Pourtant, la loi Climat et résilience loge tous les territoires à la même enseigne : si le logement n’est pas rénové à temps plus question de le louer à partir de 2025 (étiquette G) ou 2028 (étiquette F). Dans certaines régions ou départements, cette rénovation risque de tourner au casse-tête, d’autant que sa rentabilité n’est pas toujours assurée. Si à Paris, le coût d’une rénovation, 25.000 à 35.000 euros selon les estimations courantes, pèse finalement assez peu par rapport à la valeur vénale du bien, ce n’est pas toujours le cas ailleurs.

En province, 18,8% des DPE F et G ont été réalisés dans des communes où le m² reste inférieur à 1.500 euros. Plus de la moitié des passoires se trouve dans des communes avec un prix au m² inférieur à 2.800 euros. Autant dire que l’investissement consenti par les propriétaires pour rénover leur bien aura du mal à se répercuter sur la valeur vénale ou le loyer.

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