Alors que l’enveloppe MaPrimeRénov’ est promise à une augmentation sans précédent, le ministère de la Transition écologique publie les chiffres 2020-2022. La montée en puissance de la prime à la transition énergétique est indiscutable, mais la rénovation financée sur les deniers de l’État reste d’abord monogeste et fait passer (largement) le chauffage avant l’isolation.
On ne peut pas lui enlever ça. MaPrimeRénov’ a permis de massifier les travaux de rénovation énergétique comme jamais auparavant avec 1,7 million de dossiers déposés en 2020-2022. Un bémol toutefois car tous les dossiers ne vont pas au bout et on observe beaucoup de déperditions: on compte 1,4 million de dossiers engagés et (seulement) 950.000 qui sont allés au bout du processus avec des travaux effectivement effectués et un solde payé avant la fin 2022.
Plus de rénovations qu’auparavant, et mathématiquement, plus d’économies d’énergie aussi. « Les économies conventionnelles d’énergie escomptées des travaux engagés avec MaPrimeRénov’ « classique » ont fortement augmenté entre 2020 et 2021 passant de 0,8 TWh/an à 3,7 TWh/an en 2021 comme en 2022. »
Poêles à bois et pompes à chaleur
Ces économies restent toutefois purement théoriques. Car l’efficacité réelle de MaPrimeRénov’ a souvent été remise en question au cours des deux dernières années. Les chantiers financés sur les deniers publics restent essentiellement des travaux monogestes souvent sur les moyens de chauffage. « Les systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire représentent une part importante des gestes réalisés : 85 % pour les dossiers soldés en 2020, 74 % en 2021, 70 % en 2022 », selon les auteurs du rapport. En tête des équipements plébiscités, les poêles à bois suivis des pompes à chaleur. Après le chauffage, l’isolation arrive loin, très loin derrière.
Cette isolation reste cependant indispensable d’autant que plus neuf travaux sur dix (exactement 92%) financés grâce à MaPrimeRénov’ « classique » sur la période 2020-2022 ont été réalisés en maison individuelle « souvent des logements anciens, construits avant 1948, ou plus récemment pendant les trente glorieuses ».
Rénovations globales : des dispositifs peu plébiscités
Face aux critiques récurrentes, le gouvernement a déjà annoncé sa volonté de favoriser les rénovations globales dès 2024 : il en faudra trois fois plus qu’aujoud’hui. Les dispositifs existent, mais ne font pas toujours recette. Le ministère dresse un bilan : « En 2022, un peu plus de 65.800 logements ont engagé des travaux de rénovation globale avec l’un de ces dispositifs : 1.700 avec le forfait « rénovation globale » de MaPrimeRénov’ « classique », 34.100 avec MaPrimeRénov’ Sérénité, 4.100 avec Loc’Avantages et 25.900 avec MaPrimeRénov’ Copropriétés. »
Le reste à charge demeure encore un frein. Cela vaut aussi pour les pompes à chaleur, pour lesquelles les aides se révèlent pourtant généreuses. « Le geste le plus coûteux est l’installation d’une pompe à chaleur géothermique : 20.300 euros en moyenne en 2022. Ce coût explique sans doute qu’elles soient peu nombreuses à être installées, malgré une prise en charge moyenne par MaPrimeRénov’ relativement importante (35% contre une moyenne de 30% pour l’ensemble travaux subventionnés par MaPrimeRénov’ en 2022). »
Et c’est pire encore pour l’isolation. Alors que le coût moyen de l’isolation des murs intérieurs et de l’isolation des toitures-combles respectivement 6.300 euros et 10.500 euros, avec une prise en charge par MaPrimeRénov’ assez faible (respectivement 23 % et 13 %).
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