Thierry Marchand : Mon Accompagnateur Rénov’, l’autre voie du diagnostic 

Thierry Marchand, président de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim.

Le nouveau dispositif de l’État pour doper la rénovation énergétique et accompagner les ménages s’ouvrira aux acteurs privés dès 2023. Déjà qualifié pour l’audit énergétique, le diagnostiqueur immobilier pourrait être tenté d’enrichir son offre avec Mon Accompagnateur Rénov’. Entretien avec Thierry Marchand, le président de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim.

« Je ne suis pas sûr que la filière du diagnostic ait vraiment pris conscience du marché et du volume d’activité qui s’offrent à elle avec la rénovation énergétique. Il y a à peine un an, peu d’entre nous voyaient au-delà du DPE et beaucoup doutaient même que le diagnostiqueur puisse un jour réaliser des audits énergétiques.

Mon Accompagnateur Rénov‘ s’inscrit dans le prolongement direct du DPE et de l’audit. Peu de diagnostiqueurs y songent, mais cette prestation voulue par les pouvoirs publics s’adresse aussi à notre filière. On trouverait même logique que la personne qui fasse l’audit énergétique soit cet Accompagnateur Rénov’. Selon les textes, l’auditeur est censé accompagner l’acquéreur durant cinq ans et mettre à jour éventuellement l’audit en cas de travaux. L’audit peut être sous-traité par l’Accompagnateur Rénov’, mais on voit combien les deux prestations sont intimement liées.

“Ce marché de la rénovation avec le DPE collectif, le PPT (Plan pluriannuel des travaux en copropriété) l’audit énergétique, Mon Accompagnateur Rénov’, risque de peser autant que la transaction dans l’avenir.”

Cet accompagnement, et plus généralement la rénovation, sont un levier de développement économique pour notre filière. Ce marché de la rénovation avec le DPE collectif, le PPT (Plan pluriannuel des travaux en copropriété) l’audit énergétique, Mon Accompagnateur Rénov’, risque de peser autant que la transaction dans l’avenir. Aujourd’hui, nous sommes à 1,2 million de ventes par an, il est certain que le marché de l’ancien ne va pas battre des records tous les ans. Il y a donc l’opportunité d’un mix marché sécurisant pour les sociétés du diagnostic qui restent parfois trop dépendantes de la transaction.

L’humain d’abord

L’accès à ce marché de l’énergie ne doit cependant pas être vu comme un diagnostic supplémentaire. D’autres professionnels comme les conseillers en rénovation énergétique du réseau France Rénov’ figurent déjà parmi les Accompagnateurs Rénov’. Mais le diagnostic est loin d’être dépourvu d’atouts avec une compétence qui va au-delà de la thermique du bâtiment, sur les pathologies du bâtiment, et aussi une indépendance et une impartialité garanties dans les textes.

Je considère aujourd’hui, que plusieurs centaines de diagnostiqueurs sont déjà opérationnels pour l’audit énergétique. En nous appuyant sur les chiffres de la certification DPE avec mention, nous pouvons estimer que notre filière peut demain fournir 3.000 auditeurs-accompagnateurs Rénov’. Pas plus, car tout le monde ne pourra aller sur ce marché, nous ne sommes plus tout à fait sur le même métier.

Les compétences techniques demandées n’ont rien d’extraordinaire, c’est surtout sur le volet conseil qu’on attend beaucoup de ce nouvel acteur : comprendre et expliquer les textes, aider les ménages à mieux comprendre les devis ou l’audit énergétique, leur permettre de décrypter les dispositifs d’aides, les accompagner dans le choix des entreprises, dans le montage financier, dans le choix des solutions retenues… L’accompagnateur Rénov’ est là pour fluidifier la rénovation, rassurer des particuliers parfois effrayés et simplifier la rénovation.

“L’audit énergétique ou l’accompagnement Rénov’ ne seront pas une histoire de logiciels. On ne va pas s’occuper du bien immobilier, mais plutôt des occupants.”

Le diagnostiqueur va donc sortir de sa zone de confort, car ces prestations revêtent un gros volet humain. Au-delà de nouvelles connaissances à acquérir –puis à maintenir- sur l’ingénierie des aides liées à la rénovation, ou les nouveaux matériaux et produits performants, on attend surtout que le diagnostiqueur puisse l’expliquer aux ménages qui ont du mal à appréhender la rénovation, et qui ne disposent pas de la culture bâtimentaire suffisante.

L’audit énergétique ou l’accompagnement Rénov’ ne seront pas une histoire de logiciels. On ne va pas s’occuper du bien immobilier, mais plutôt des occupants. A ce sujet, le cabinet qui se lance sur ce marché d’accompagnement devra bien avoir conscience de sa responsabilité au regard de son travail de conseil, et s’assurer en conséquence, sans qu’il soit cependant nécessaire de recourir à une garantie décennale comme on peut parfois l’entendre. Que ce soit pour l’audit ou l’accompagnement Rénov’, nous restons dans le conseil et sûrement pas dans la maîtrise d’œuvre. 

Finalement, le rôle pivot du diagnostiqueur dans l’ambitieux projet de la rénovation énergétique n’est plus à démontrer. Plus qu’un simple technicien, un véritable passeur en charge des compétences pour l’amélioration du confort dans le logement auprès de nos concitoyens.”

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