Le ton a changé. En juin, la puissante Fnaim louait l’avènement du nouveau DPE. “Un atout” même pour de nombreux bailleurs et propriétaires. Trois mois plus tard, les professionnels de l’immobilier s’inquiètent de la brusque inflation de passoires énergétiques.
Le ministère avait pourtant effectué de savantes projections. Quatre logements sur dix devaient changer d’étiquette, mais promis juré, la proportion de logements énergivores (classés F et G) resterait peu ou prou la même, un peu moins de cinq millions d’habitations. En théorie, seulement…
“Le nombre de logements F et G est en train de doubler.”
On passe à la pratique avec le nouveau DPE entré en service au 1er juillet 2021. ” Le nombre de logements F et G, impactés les premiers par les obligations issues de la loi Climat et résilience, est en train de doubler “, s’alarme Jean-Marc Torrollion, président de la puissante Fnaim. Dans un communiqué commun, la Fnaim, l’Unpi (Union nationale des propriétaires immobiliers) et l’association Plurience (qui regroupe 13 gros acteurs de la transaction et gestion immobilière), tirent la sonnette d’alarme.
Car tout le calendrier de la rénovation désormais dicté par la loi Climat et résilience, repose sur une assertion de 4,8 millions de passoires énergétiques à traiter avant 2028. Avec le nouveau DPE et la détérioration des étiquettes, des classes énergétiques F et G qui explosent, les objectifs ne sont plus du tout les mêmes. Et sans doute moins tenables pour les professionnels de l’immobilier.
Simple exemple, selon le communiqué, le nombre de logements G potentiellement interdits à la location au 1er janvier 2025 pourrait ainsi se révéler deux fois plus important que prévu. Idem pour les logements classés F. “En pratique, le nouveau DPE va révéler qu’il y a bien dans le parc de logements les 7 à 8 millions de logements très énergivores estimés par les études scientifiques jusqu’en septembre 2020. La loi a été votée en totale méconnaissance de la réalité des chiffres et de l’état du parc.”
Péril en la demeure
“La Loi a été votée : elle lance un compte à rebours inéluctable, qui impacte directement tous les Français locataires. Sans changement à très court terme, 1 ménage sur 4 verra son logement frappé d’une interdiction de location de son logement d’ici 2034 !“, observe Christophe Demerson, président de l’Unpi.
Avec des enjeux de rénovation sévèrement revus à la hausse, le risque de déstabiliser le marché immobilier devient plus important encore. Combien de logements risquent demain d’être retirés du marché locatif, parce que leurs propriétaires ne voudront ou ne pourront effectuer des travaux forcément coûteux? Pas question de remettre en cause la rénovation, mais les acteurs de l’immobilier réclament davantage de moyens pour booster un peu plus encore le chantier de rénovation.
Dans l’immédiat, l’Unpi, Ia Fnaim et Plurience demandent deux ajustements fiscaux qui pourraient ainsi figurer dans la prochaine loi de finances: doubler le plafond des déficits fonciers imputables sur le revenu, si le montant des travaux est composé pour 40% de travaux d’économie d’énergie (collectif ou individuel), et étendre le dispositif Denormandie dans l’ancien à tout le parc F et G pour contrer une sortie des passoires énergétiques.
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