Pourquoi le nouveau DPE dégrade-t-il autant l’étiquette énergétique?

Pas de statistique officielle, mais un ressenti largement partagé depuis juillet. Le nouveau DPE dégrade sévèrement l’étiquette énergétique, avec une proportion de logements en F et G qui serait en train de doubler, à en croire certains patrons de l’immobilier. En cause, la méthode de calcul.

La Fidi (Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier) s’est livré à l’exercice, analysant les diagnostics produits depuis le 1er juillet pour expliquer ces écarts avec l’ancien DPE mais aussi (et surtout!) avec la réalité du terrain.

Des raisons techniques…

Il y a d’abord les raisons purement techniques avec peut-être quelques incongruités dans la méthode de calcul. La Fidi en retient deux:

  • Le calcul du coût des consommations, par tranches, qui ne correspond pas à la réalité. “En électricité, pour un nombre de kWh donné, l’erreur est de plus de 30 % par rapport au coût réel du kWh !
  • Certains paramètres du moteur de calcul liés aux habitudes de vie des occupants ont été fortement modifiés par rapport à la version précédente. Ils ne correspondent peut-être pas à la réalité du terrain.” Résultats, les nouveaux paramètres dégradent “substantiellement” l’estimation des consommations et par ricochet la note du DPE.

Autres explications à l’inflation des étiquettes F et G.

  • En plus des changements sur la ventilation par ouverture de fenêtre, il semble qu’il y ait un problème sur le calcul des débits d’infiltration qui donne des déperditions quasi 10 fois plus importantes que la version précédente.”
  • “Le calcul des consommations des auxiliaires de bouclage pour un appartement en immeuble collectif semble incohérent (les pompes consomment quasi autant que le total ECS !).”
  • En faisant un comparatif entre la V2 et la V3 avec les mêmes déperditions (enveloppe identique), on obtient beaucoup plus de consommation.

… et des raisons circonstancielles

Avec ce nouveau DPE tout doit être observé, contrôlé et justifié. Oui, mais dans la réalité, le diagnostiqueur rencontre parfois des difficultés pour accéder à l’ensemble du bâtiment ou pour recueillir des justificatifs (factures de matériaux, de travaux…). Ce qui se solde par des valeurs par défaut qui automatiquement détériorent la performance énergétique du bien.

La Fidi énumère ainsi plusieurs difficultés:

  • Les difficultés d’accès aux locaux techniques de l’immeuble dans le temps imparti ;
  • La difficulté de disposer des références techniques des isolants utilisés il y a plus de 10 ans ;
  • La classement comme chaudière « fuel » des chaudières « gaz » dont les caractéristiques (type, puissance etc.) n’ont pas été indiquées, entrainant automatiquement un déclassement pénalisant.
  • Des écarts entre les ratios de surfaces habitables des appartements et les tantièmes de copropriété.

… qui rendent urgente l’amélioration du nouveau DPE

Résultat, dans un communiqué commun avec l’Unis (Union des syndicats de l’immobilier), la Fidi demande une “amélioration rapide du nouveau DPE“. Une rencontre avec la DHUP (Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages), mi-septembre, donne cependant espoir aux deux fédérations. Leurs responsables ne doutent pas “que des ajustements seront pris en compte rapidement pour améliorer la fiabilité des DPE V3 et les rendre réellement efficients“. ” Pour l’instant, il faut laisser le temps aux responsables de la DHUP de bien prendre en compte les réalités du terrain énoncées par nos soins. Nous restons très attentifs et ouverts, mais nous ne manquerons pas de nous manifester avec plus d’insistance, si le DPE n’évolue pas rapidement “, explique Stéphane Prouzeau, vice-président de la Fidi, en charge du DPE notamment.

Et les deux fédérations ne manqueront pas d’effectuer une piqûre de rappel début octobre, à l’occasion d’une rencontre avec Emmanuelle Wargon, ministre chargée du Logement, “où seront bien certainement évoqués les différentes problématiques concernant le DPE, mais aussi l’audit énergétique“.

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