Qualité de l’air intérieur: le dioxyde de carbone, poison des espaces de travail

Mesure qualité de l'air intérieur

Merci la Covid, grâce à elle, la qualité de l’air intérieur a bénéficié d’une publicité inédite jusqu’à présent. Oui, chez soi comme au travail, la pollution de l’air intérieur reste un enjeu de santé publique. Une récente note technique de l’INRS se penche sur les boitiers de mesure de CO2 et montre l’intérêt à en disposer aussi dans les locaux de travail.

En soi, le dioxyde de carbone n’est pas un polluant. Pour s’en convaincre, on rappellera juste qu’il est produit naturellement par les organismes vivants, nous en particulier. Mais puisque sa teneur est liée à l’occupation humaine et au renouvellement d’air, il apparaît comme un précieux indicateur du taux de confinement et, donc, de la qualité de l’air intérieur.

On considère communément qu’une valeur de CO2 inférieure à 1.000 ppmv (parties par million en volume) témoigne d’un local suffisamment ventilé. Au-delà, de savantes études ont montré les effets indésirables d’une forte concentration en CO2: entre maux de tête, irritations, somnolence, pertes d’attention, défaut de concentration… Autant dire qu’on est loin des conditions rêvées pour bosser.

Plus de quatre fois le seuil recommandé

Est-ce que mon bureau où je passe sept, huit heures, voire davantage est suffisamment ventilé? Dans sa publication de mars 2022, l’INRS rapporte plusieurs expériences menées à l’aide de boitiers professionnels ou grand public. Dans un bureau personnel, dans une salle de classe ou dans une salle de réunion, dans les trois cas, à un moment ou un autre, la mesure dépasse les 1.000 ppmv.

La salle de classe décroche même le record. Dans ce collège neuf, deux mois après sa réception, et malgré la présence d’un système de ventilation, “le niveau de CO2 se situe entre 1.200 ppmv et 1.500 ppmv, à la fin de chaque heure de cours“. Deux mois plus tard, de nouveaux tests réalisés dans cette même salle de classe, cette fois avec une ventilation mécanique stoppée pour cause de défaillance, donnent des mesures ahurissantes: “les niveaux de CO2 atteignent jusqu’à 3.500 ppmv en fin de cours”. Autrement dit, plus de quatre fois la valeur de 800 préconisée par le Haut Conseil de santé publique pour les établissements recevant du public.

Autre expérience, dans un bureau occupé par une personne seule, dépourvu de ventilation mécanique. Verdict: “lors des phases de travail, le niveau de CO2 dans l’air augmente jusqu’à atteindre environ 1.100 ppmv.” Après deux heures d’occupation, l’aération permet de faire redescendre cependant la concentration en CO2.“Cet exemple illustre la nécessité de demander à l’opérateur d’aérer naturellement son bureau toutes les deux heures pendant au moins vingt minutes, pour retrouver une concentration en CO2 équivalente à celle de l’extérieur”, concluent les auteurs de la note technique.

Aérer, oui, mais ce n’est pas toujours suffisant

Si ces quelques tests n’ont pas de valeur statistique, ils alertent cependant sur la dégradation de la qualité de l’air intérieur et montrent les bienfaits d’une mesure en temps réel. Au cours des dernières années, de nombreux boitiers simples d’utilisation et souvent peu onéreux ont envahi le marché. “Les progrès techniques permettent aujourd’hui de disposer d’appareils à lecture directe performants, abordables et faciles d’utilisation”, notent les chercheurs de l’INRS. Après en avoir essayé plusieurs, ils recommandent l’usage des capteurs infrarouges non dispersifs présentés comme le “meilleur choix pour mesurer le CO2 dans les locaux de travail”.

Autre enseignement de cette note technique, ouvrir les fenêtres, aérer les locaux de travail, ne permet pas toujours de ramener la concentration en dioxyde de carbone à un niveau acceptable. Exemple dans la salle de classe, le test montre qu’une durée d’ouverture de fenêtre de l’ordre de cinq minutes n’est pas suffisante pour retrouver un niveau de CO2 équivalent à celui de l’air extérieur. “La ventilation naturelle durant la récréation matinale pendant une période de vingt minutes permet, au mieux, de baisser la concentration en CO2 à 650 ppmv.” C’est aussi l’intérêt de disposer d’une mesure en temps réel de la concentration en dioxyde de carbone: pouvoir ajuster l’aération des locaux de travail pour s’assurer de la qualité de l’air qu’on respire.

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