Quand le logement et la rénovation s’invitent dans la campagne présidentielle

Le thème est resté fort discret jusqu’à présent dans cette pré-campagne présidentielle. Mais à l’occasion du congrès de la Fnaim qui s’achève mercredi, plusieurs candidats ou leur représentants se sont exprimés sur le logement. Pas de programme pour le moment, quelques idées, des annonces bien sûr, mais tous semblent pour le moins d’accord, le logement à l’aune de la rénovation énergétique, est une préoccupation des Français et représente un enjeu dans cette présidentielle.

Il y a d’abord cette question de calendrier voulu par la loi Climat et résilience qui impose une rénovation énergétique pour les passoires, échelonnée jusque 2034 pour l’étiquette E. Réaliste? Pas réaliste? Les avis divergent, forcément. Quand Marine Le Pen veut en finir avec la “politique écologique punitive” qui sanctionne les propriétaires, Aurélien Taché, député du Val-d’Oise et représentant de Yannick Jadot pour Europe Ecologie-Les Verts, veut accélérer la cadence. “40% des gaz à effet de serre proviennent du logement, il faut qu’on avance plus rapidement.” Face aux professionnels de l’immobilier confrontés au casse-tête de la rénovation, on sent le député EELV un peu gêné, mais c’est bien l’échéance de 2030, qu’il garde dans le collimateur, comme la Convention citoyenne pour le Climat le désirait.

La rénovation oui, mais avec un autre accompagnement

Finalement, des différentes tendances représentées, personne ne songe à remettre en cause la légitimité d’une rénovation ou d’une construction neuve plus verte encore. Non, c’est plutôt le rythme de ce gigantesque chantier qui semble diviser les candidats ou leurs porte-paroles. “Ce calendrier n’est pas réaliste dans la mesure où on n’a pas les financements qui suivent”, selon Arnaud Montebourg (La Remontada de la France). Même son de cloche de l’autre côté de l’échiquier. “Ce calendrier n’est pas tenable”, explique Dominique Estrosi-Sassonne, représentante de Xavier Bertrand. La sénatrice des Alpes-Maritimes pointe du doigt “les bégaiements” du nouveau DPE. “S’il faut éradiquer les passoires thermiques, il faut revoir le DPE qui peut léser lourdement les propriétaires et qui peut être source de contentieux.” Le DPE ne serait d’ailleurs pas le seul à passer sous les fourches caudines du président Bertrand, à entendre la sénatrice, la loi Climat et résilience serait aussi remaniée.

Si le rythme de la rénovation apparaît difficilement tenable aux yeux de certains, c’est aussi en raison d’un accompagnement jugé souvent insuffisant. Roland Lescure, député LREM, représentant du candidat non déclaré d’Ensemble Citoyens!, a beau défendre le bilan du gouvernement, entre la loi Elan, la loi Climat et Résilience, ou les milliards d’euros injectés dans la rénovation énergétique, il se trouve un peu seul. La plupart des candidats ou leurs émissaires plaident pour un accompagnement (beaucoup) plus fort.

Les candidats sortent l’arsenal

Et chacun a sa petite idée pour lever le frein financier et doper la rénovation. Prime Climat, avantages fiscaux, incitations… tout l’arsenal y passe. Aurélien Taché propose “un droit à la rénovation gratuite de 10 milliards d’euros” pour accélérer encore la cadence, Arnaud Montebourg promet “un programme massif de relance de la construction et de la rénovation”, Geoffroy Didier, député des Républicains, pour Valérie Pécresse, prône une “fiscalité incitative” afin de transformer le logement, et Nathalie Appéré, maire de Rennes et soutien d’Anne Hidalgo, veut en finir avec la “rénovation par geste” avec une “prime Climat à la pierre” destinée à favoriser “des processus de rénovations globale” et des “aides visibles”. Enfin, Dominique Estrosi-Sassonne propose un éventail de mesures comme un congé rénovation pour les propriétaires bailleurs, l’extension du dispositif Denormandie à tous les territoires, un doublement du déficit foncier…

Les copros n’ont pas été oubliées. Comment rénover ces immeubles où les mécanismes de décision se trouvent souvent paralysés par les règles de majorité? Depuis plus de dix ans, les gouvernements successifs buttent sur cet écueil, et les chiffres du dispositif MaPrimeRénov’ en version copro ne diront pas le contraire. Dominique Estrosi-Sassonne souhaite conserver le dispositif, mais en le simplifiant et en renforçant les aides. Aurélien Taché plaide lui-aussi pour le maintien du dispositif, “avec des montants importants fléchés”, et une révision des règles de majorité jugées “rigides” pour cette rénovation en copropriété. Quant à Nathalie Appéré, elle reprend l’idée d’une “prime Climat” déclinée également aux copro à laquelle pourrait s’adjoindre de nouveaux dispositifs comme l’extension des offices fonciers solidaires pour investir dans la rénovation à la place des copropriétaires.

Forcément, avec 12 minutes par candidat pour balayer l’ensemble des thèmes autour du logement, l’exercice force à la concision. Cela ne ressemble pas encore tout à fait à un programme pour le logement, les candidats sont davantage dans l’évocation que l’annonce, mais au moins, on les aura entendu s’exprimer sur le sujet dans cette pré-campagne. Qui sait, le logement, première dépense contrainte des Français, pourrait bien devenir un thème de la présidentielle.

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