Le casse-tête. Comment concilier l’urgence écologique avec la crise du logement? Comment rénover le parc français sans peser sur l’offre locative? Sur France Inter, le nouveau ministre du Logement, Patrice Vergriete dit y travailler. Dans l’urgence, une des solutions pourrait consister à repêcher les logements G grâce des petits travaux pour les faire passer en F. C’est sans doute moins ambitieux, mais ça permettrait de gagner du temps.
Les professionnels de l’immobilier le répètent à l’envi depuis des mois : le calendrier de la rénovation n’est pas tenable. Et au fur et à mesure que l’interdiction de louer une passoire thermique classée G se rapproche, il faut bien leur donner raison. Le nouveau ministre du logement, Patrice Vergriete en a conscience : « pour lancer des travaux en copro, cela peut-être difficile ». L’échéance du 1er janvier 2025 est désormais trop proche, le temps que les décisions soient votées en assemblée générale et que les travaux soient effectués, il est même déjà trop tard bien souvent.
Alors on fait quoi? Les étiquettes G représentent quelque 600.000 logements, souvent dans des copropriétés, et il est inimaginable de penser que le marché locatif déjà très tendu puisse s’en passer. Décaler le calendrier ? Face aux professionnels de l’immobilier, le gouvernement n’a de cesse de souligner « l’urgence climatique ». Au micro de France Info, le ministre du Logement réaffirme d’ailleurs l’attachement à l’échéancier établi par la loi Climat et résilience. « On veut tenir le calendrier. » Le gouvernement ne compte pas revenir en arrière, en témoigne le décret d’application publié en août pour traduire dans la réglementation les exigences de la loi Climat.
Un sursis de trois ans, et après?
« On est en train de travailler pour savoir si des gros travaux sont nécessaires pour passer de G à F », explique le ministre. Dit autrement, est-ce que dans les copros, on ne pourrait pas grappiller une toute petite classe énergétique, grâce à des travaux dans l’appartement sans nécessairement mobiliser la copro? « Si finalement, il n’y a pas besoin de travaux de copropriété pour passer de G à F, il n’y a rien qui constitue un obstacle pour le copropriétaire pour continuer de louer. »
C’est presque un changement de doctrine. Alors que les travaux en copropriété s’entendaient jusqu’à présent à l’immeuble, le gouvernement revoit les ambitions à la baisse et imagine que les copropriétaires effectuent des travaux dans leur lot, juste pour échapper à l’interdiction de 2025. « On va tout faire pour tenir ce calendrier et voir comment on peut accompagner les propriétaires pour qu’en 2025, il n’y ait pas de logement interdit à la location. »
Des travaux efficaces temporairement…
Et ensuite? Car en passant de G à F, le propriétaire ne fait que s’octroyer un sursis, puisque les passoires en F seront à leur tour retirées de la location en 2028 (et E à partir de 2034). Oui, mais c’est trois ans de gagner. « Cela donne pas mal de temps pour s’adapter et trouver les moyens financiers d’accompagnement. L’urgence est sur 2025 », poursuit le ministre.
Et parmi les solutions envisagées, Patrice Vergriete en laisse justement entrevoir quelques-unes comme une politique du logement davantage décentralisée. Le ministre est favorable à donner “plus de capacité d’agir” et “plus d’outils” aux collectivités locales. On le voit déjà avec les annonces effectuées durant l’été au sujet des locations saisonnières: aux maires de décider ou non si les meublés touristiques doivent aussi réaliser un DPE.
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