Les gouvernements défilent, lui reste. Philippe Pelletier avait été chargé en 2009, par Jean-Louis Borloo ministre de l’Ecologie de l’époque, de réfléchir à la rénovation énergétique, et de fédérer les différents acteurs. Treize ans plus tard, le président du Plan bâtiment durable reste optimiste : oui la rénovation n’avance sans doute pas au rythme que l’on aimerait, mais au moins est-elle désormais solidement ancrée dans les esprits.
Vouloir n’est pas pouvoir. « Du côté de la demande, l’envie est là, mais du côté de l’offre de services, il y a encore des progrès à faire. » Pour Philippe Pelletier, les professionnels du bâtiment manquent à peu près de tout : de moyens, de formation sur les nouveaux matériaux, de main d’œuvre… Et sans compter la terrible inflation des coûts des matières premières qui complique un peu plus encore l’énorme chantier de rénovation énergétique.
Mais, on l’a dit, le président du Plan bâtiment durable est un indéfectible optimiste : « je suis tout à fait convaincu, on réussira ce défi, mais il ne faut pas rêver, il faut se laisser du temps ». La rénovation énergétique ne réussira « que si nous embarquons tout le monde dans le train du progrès » avec « un programme de rénovation pour tous ».
Philippe Pelletier rejette l’idée d’une rénovation à plusieurs vitesses qui profiterait uniquement à ceux qui ont les moyens de rénover leur chez soi. Parmi les enjeux, l’accompagnement financier et technique, pour les plus fragiles, mais aussi pour les autres populations parfois perdues face à la complexité d’une rénovation dans leur logement.
Car on ne parle plus seulement de changer sa chaudière ou d’isoler ses combles, le Plan bâtiment durable plaide pour une rénovation globale permettant d’atteindre un niveau BBC dans le logement. Pas d’autre alternative, si l’on veut faire reculer véritablement la précarité énergétique, « maîtriser nos émissions de gaz à effet de serre et réduire notre consommation d’énergies fossiles ».
Et si on essayait de voir plus loin encore ? Cette rénovation globale ne doit pas être seulement énergétique, Philippe Pelletier invite à se montrer plus ambitieux. « Le moment est sans doute venu pour que la rénovation énergétique prenne place dans une rénovation plus globale, plus ample, plus environnementale en d’autres termes. On a attaqué le sujet avec l’idée de réduire la consommation d’énergie dans le logement. Nous devons continuer à travailler dessus, mais en l’insérant désormais dans un ensemble de préoccupations plus vaste qui touche notamment à la santé des gens. » La rénovation est peut-être aussi l’opportunité de se débarrasser de l’amiante ou du plomb, d’adapter le logement au vieillissement de la population.
Bonne écoute !
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