Plus de dix millions de maisons sont menacées en France par la sécheresse. Le phénomène de RGA (retrait gonflement des argiles), à l’origine de nombreux désordres dans le bâti, est aussi une conséquence du réchauffement climatique qu’on ne peut plus ignorer. Un rapport du Sénat souligne la nécessité de se doter d’une solide politique de prévention dans l’ancien.
Alors qu’on (re)parle déjà de nouvelle sécheresse (en plein mois de février!), on commence à avoir une idée un peu précise de la facture de l’été 2022. Le phénomène RGA coûtera entre 2,4 et 2,9 milliards d’euros selon les estimations. Le record de 2003 (1,6 milliard d’euros) est pulvérisé, mais pas sûr que le nouveau record tienne longtemps, puisqu’on nous promet des sécheresses à répétition dans un avenir (très) proche.
Au point que l’actuel régime de catastrophe naturelle ne pourra peut-être plus suivre dans les prochaines décennies, explique la sénatrice Christine Lavarde (LR, Hauts-de-Seine), dans son rapport remis le 15 février. On pourrait sortir le risque RGA du régime CatNat? Le rapport est catégorique: “Compte tenu du niveau des primes, beaucoup de particuliers ne pourraient plus s’assurer et, au dire de tous les experts, le risque n’apparaît pas réassurable.”
Le bâti ancien, angle mort de la prévention
Ce scénario catastrophe peut toutefois être évité. Pour permettre aux assurances de suivre, le rapport préconise “une véritable politique de prévention sur le bâti existant”. Car jusqu’à présent, la prévention du risque RGA a été copieusement négligée. “La problématique du RGA a surtout été abordée au travers de la question de l’indemnisation, alors que la politique de prévention du risque est tout aussi fondamentale.”
Pour le neuf, de nouvelles règles ont été édictées et sont entrées en vigueur en 2020, mais “les mesures portant sur le bâti existant exposé demeurent le véritable « angle mort » de la politique de prévention et d’indemnisation du risque RGA.” La sénatrice plaide donc pour une “véritable stratégie globale de développement et de financement des techniques de prévention du RGA”.
Dans son rapport, l’élue des Hauts-de-Seine distingue les mesures dites “verticales” et les mesures “horizontales”. Les premières, les mieux maîtrisées aujourd’hui, permettent d’éviter que des maisons se fissurent au fil des sécheresses. Plusieurs techniques existent, et interviennent directement sur la structure du bâtiment (d’où le qualificatif de “verticales”). Leur efficacité est prouvée, mais, problème, avec un coût oscillant de 21.000 euros (technique par injection de résine) à 76.000 euros (techniques des longrines et micropieux), elles se révèlent parfois aussi onéreuses que les travaux engagés pour réparer les dégâts causés par le phénomène de RGA.
La sénatrice encourage donc au développement de nouvelles techniques dites “horizontales”. Parce qu’au lieu d’agir sur la structure, on intervient sur l’environnement du bâtiment afin de limiter en amont la variation de la teneur en eau du sol. Le coût de ces techniques apparaît plus raisonnable, 10.000 euros en moyenne, mais leur efficacité doit encore être prouvée, même si les expérimentations menées apparaissent encourageantes.
Le rapport fonde donc des espoirs sur ces techniques qu’il appelle à développer quitte à mobiliser le fonds de prévention des risques naturels majeurs (fonds Barnier). Car si ces moyens de prévention sont coûteux à mettre en œuvre, ils le sont toujours moins que la réparation du sinistre.
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