L’hypermédiatisation du DPE éclipse parfois les autres diagnostics immobiliers pourtant essentiels. Le récent rapport de la Direction générale de la santé (DGS) remet les pendules à l’heure rappelant combien l’amiante est encore très présent dans les bâtiments. On s’en doutait, mais on dispose désormais de données chiffrées et officielles.
Ah bon, il y a d’autres diagnostics que le DPE ? On l’avait presque oublié, mais dans l’éventail de ses missions, le diagnostiqueur immobilier compte également le repérage amiante de tout ce qui a pu sortir de terre avant 1997. Précieux pour l’acquéreur, l’occupant d’un bâtiment, ou le maître d’ouvrage, ce diagnostic est aussi essentiel pour la connaissance du parc hexagonal. Tout comme le DPE.
Il aura fallu se montrer patient. La gestation aura été longue, et l’exploitation de cette précieuse donnée amiante demeure récente. Annoncé par la loi Santé de 2016, SI-Amiante, système d’information de l’amiante, a finalement décollé en 2022. A lui de compiler l’activité des diagnostiqueurs de France et de Navarre, qu’il s’agisse de repérages avant-vente, avant-démolition, avant-travaux ou d’interventions dans le cadre du DTA (Dossier technique amiante).
Désormais opérationnel, ce système d’information est apparemment loin d’être entré dans les mœurs. En théorie, chaque diagnostiqueur est censé y déposer un rapport d’activité chaque année. En théorie… Car on est loin du compte. « Pour les 12.556 certifications concernées, 2.719 rapports d’activité ont été déposés sur l’application », indique la Direction générale de la Santé en préambule du rapport.
Sans prétendre à l’exhaustivité, ce rapport offre néanmoins un échantillon suffisamment vaste pour se faire une petite idée de l’état du parc français. On progresse. Car si on sait que l’amiante a été glissé abondamment dans la construction de la deuxième moitié du 20e siècle, on ne sait pas toujours dans quelles proportions il demeure 25 ans après son interdiction (1997).
Écoles, habitations, bureaux, commerces… l’amiante n’épargne aucun type de bâtiment
Du pavillon individuel à la friche industrielle qui couvre plusieurs hectares, plus de 402.000 bâtiments -trois quarts d’habitations- ont été auscultés par les diagnostiqueurs en 2022. Résultats des courses: 42% des repérages listes A et B (constats vente et DTA) sont positifs. Et si le diagnostiqueur pousse plus loin ses investigations, on s’aperçoit que la proportion augmente. Ainsi dans le cadre des avant-travaux par nature plus exhaustifs, 56% des bâtiments ont révélé au moins un matériau ou produit contenant de l’amiante. A l’échelle du parc français, cela représente des millions de tonnes, on est bien loin d’en avoir fini avec l’amiante.
La DGS renseigne également sur les matériaux et produits rencontrés. Les flocages, calorifugeages et faux-plafonds apparaissent désormais marginaux, et le plus souvent l’amiante est diagnostiqué dans les conduites, les canalisations, les planchers, les plafonds, les parois intérieures… De tous les bâtiments. Dans les établissements scolaires (primaires et secondaires), si on prend le DTA, seuls 36% des diagnostics réalisés se sont révélés négatifs parmi 1.156 repérages recensés. Idem pour les crèches et autres établissements de la petite enfance, avec de l’amiante dans plus d’un bâtiment sur deux (56%). Même la maison individuelle avec 53% de diagnostics positifs dans le cadre du repérage vente n’est pas épargnée.
Que l’amiante soit toujours en place ne signifie pas forcément un risque immédiat. On le rappelle, l’amiante n’est pas dangereux tant qu’il reste en bon état, et tant que l’on n’y touche pas. Cela fait aussi partie de la mission du diagnostiqueur dans le cadre des repérages listes A et B, que d’établir une évaluation de l’état de conservation de chaque matériau ou produit repéré.
La synthèse de la DGS renseigne également sur l’état de ces matériaux et produits désormais vieillissants, en place depuis au moins 25 ans dans le bâtiment. La majeure partie d’entre eux semble en bon état, et le diagnostiqueur s’est contenté de prescrire une surveillance périodique. En revanche, pour les matériaux de liste B diagnostiqués, plus de 4% apparaissent plus ou moins dégradés et font l’objet de recommandations d’actions correctives.
4% cela semble peu sur le papier, mais sur l’année 2022, avec 277.000 évaluations de l’état de conservation réalisées cela fait tout de même 11.000 bâtiments concernés. Et parmi lesquels on trouve des habitations, mais aussi des écoles, des crèches, des hôpitaux…
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