Pour restaurer la confiance dans le DPE, la CDI Fnaim réclame une carte professionnelle du diagnostiqueur

Réédition du DPE

Le DPE a pris une place essentielle dans le dispositif de rénovation énergétique, mais il souffre toujours d’un déficit de confiance. La profonde réforme de 2021 n’a pas permis de lui rendre son crédit. Pour y remédier, la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim propose une carte professionnelle, gage du savoir-faire de la filière.

La certification du diagnostiqueur a déjà été réformée, le DPE a été revu et corrigé, mais rien n’a vraiment changé. Le diagnostic souffre toujours d’un déficit de confiance, largement nourri par les enquêtes au vitriol de la presse consumériste. Quinze ans que ça dure, le diagnostiqueur s’est souvent fait une raison.

Justement, fraîchement élu à la tête de la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim, Yannick Ainouche aimerait changer tout ça. Dans un communiqué, la fédération plaide pour la création d’une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs immobiliers. Car si le ministère travaille sur un nouveau plan d’actions, la Chambre estime que celui-ci reste trop timide et ne va pas suffisamment au fond des choses. “Il faudra davantage qu’une journée de sensibilisation et une fiche technique que le propriétaire n’aura sans doute pas remplie.” “Les propositions de la DHUP vont dans le bon sens, c’est une première marche. Mais les problèmes, nous les connaissons, explique Yannick Ainouche. Dans le détail: “des prix au ras des pâquerettes incompatibles avec une qualité standard, des techniciens qui lancent leur activité simplement avec leur certification en poche, des formations qui ressemblent à du bachotage…”

Sur le modèle de la carte T

Pour “casser cette spirale infernale qui dégrade sans cesse l’image du diagnostic”, la Chambre des diagnostiqueurs suggère une “carte professionnelle D”, gage de la “rectitude” de la profession. Cette carte existe déjà pour les métiers de la transaction, alors pourquoi pas pour les diagnostiqueurs immobiliers? Largement inspirée de la carte T, cette carte professionnelle deviendrait incontournable pour ouvrir son cabinet de diagnostiqueur. “Il ne s’agit pas de doublonner l’actuelle certification, mais d’apporter un vrai gage de qualité, une garantie sur la compétence, et n’ayons pas peur du mot, sur notre déontologie aussi”, poursuit le président de la CDI Fnaim.

L’ambition de cette fameuse carte D apparaît double. D’abord elle permettrait de s’assurer qu’un opérateur ne lance pas son activité sans un minimum d’expérience et sans connaître l’écosystème du diagnostic. La carte répond ainsi à une critique souvent entendue: peut-on vraiment être diagnostiqueur immobilier avec seulement quelques semaines de formation? Deuxième ambition de la carte, lutter contre le diagnostic low-cost, jugé incompatible avec la qualité attendue des diagnostics.

Force de dissuasion

La Chambre imagine que cette carte soit adossée “à un système de qualité indépendant et impartial”, doté d’un fonctionnement démocratique pour veiller à sa délivrance et à son maintien. Question de crédibilité, car une fois délivré, le précieux sésame pourra aussi être retiré: “En cas de faute grave, avérée, nous ne devons pas craindre de priver un cabinet de sa capacité à exercer, en le suspendant ou en le radiant, poursuit Yannick Ainouche. Ce qui pourrait par exemple dissuader certains cabinets de faire encore travailler des techniciens sans certification. Ne nous voilons pas la face nous savons bien que ces pratiques, même si elles sont marginales, persistent.”

Les contours de cette carte professionnelle ne sont pas encore clairement définis, la Chambre des diagnostiqueurs y réfléchit encore. Elle lance justement une plate-forme collaborative, pour permettre à quiconque au sein de la filière d’apporter sa pierre à l’édifice. Le projet sera ensuite porté devant le ministre chargé du Logement et de la Ville, Olivier Klein, puisque tout ce qui concerne le DPE relève désormais de la sphère politique.

La carte D a déjà reçu un soutien politique puisque dans une question écrite datée du 15 novembre, le député Lionel Causse (Renaissance) interpelle le gouvernement à ce sujet. L’élu des Landes suggère ainsi “d’instaurer une carte professionnelle pour garantir la compétence des diagnostiqueurs et rassurer les consommateurs”.

1 Commentaire

  1. on a une certification qui contrôle les compétences, mais il est vrai que c’est sur un périmètre assez réduit : plus sur la forme que sur le fond.
    Les DPE sont connus de l’ADEME ; il y aurait déjà sur les DPE la possibilité de faire un contrôle qualité sur le fond (incohérences, oubli de certains ponts thermiques… par exemple)
    il y a des diagnostiqueurs qui ont des sinistres responsables
    ces données connues pourraient être rendues publique (name and shame)…donner lieu à une notation ?
    il n’y a peut-être pas besoin de rajouter une couche avec une carte… qui a la légitimité actuellement pour la donner et la retirer ?
    peut-être faudrait-il aller sur une vraie formation avec un référentiel des compétences à valider…type BTS… avec un examen national…
    tant qu’on acceptera dans la filière que l’on puisse valider un niveau BAC+2 bâtiment avec seulement 1 à 2 mois de formation quel que soit son domaine de compétence initiale, il y aura des pbs de compétences…
    pour avoir des diagnostics de qualité, il faut des compétences et un temps passé suffisant pour le réaliser (donc un prix en cohérence)

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