Est-ce qu’on réalise vraiment des économies en baissant son chauffage d’un seul degré?

Pas plus de 19°C chez soi, comme au bureau ou ailleurs. Un seul degré en moins représente de sérieuses économies sur la facture, paraît-il. Ah forcément, si on nous prend par les sentiments… Mais est-ce que c’est vraiment juste? On a posé la question à un expert du genre, Olivier Sidler, porte-parole de l’association négaWatt et, accessoirement, expert en maîtrise de l’énergie selon Wikipedia.

Un degré en moins = 7% d’économies. Avant 2022, on avait déjà entendu ça quelque part, mais reconnaissons qu’on n’y avait pas franchement prêté attention. On oublie. L’ère est désormais à la sobriété énergétique, et à force d’être rabâché, le message finit par rentrer.

Pas trop tôt, pourrait légitimement dire Olivier Sidler, le porte-parole de négaWatt, chantre de la sobriété énergétique depuis des lustres. “En fait, on demande gentiment aux gens de respecter la loi”, sourit-il. Car depuis un décret de 1979, ce sacro-saint 19°C figure dans les textes: chez soi comme au bureau ou ailleurs, on ne doit pas chauffer davantage en théorie.

Des économies sous-estimées

D’accord pour 19°C, mais si je baisse mon thermostat d’un seul petit degré, est-ce que je réalise vraiment les économies promises? Oui, répond notre expert, savantissimes calculs à l’appui (du genre, E = (G x V x DJUT x  0,024 – aR x S) x i / η). Non seulement, ce 7% d’économies n’a rien de farfelu, mais en plus, l’Ademe a sous-estimé les économies vraiment réalisées.

Ce n’est pas seulement du pur calcul mathématique, mais aussi le fruit d’observations basées sur des outils de simulation dynamique. “En supposant qu’il y ait 15 millions de logements anciens non rénovés, 7 millions de logements « récents » et 7 millions de logements « un peu » rénovés, on arrive à une valeur moyenne sur l’ensemble du parc de 9,5 % d’économie lorsqu’on passe de 20 à 19°C.” Moralité: “On peut se demander s’il ne serait pas temps de revoir cette valeur de 7% généralement utilisée, mais qui s’avère aujourd’hui assez sous estimée.” Ne serait-ce que pour inciter un peu plus encore à la sobriété.

Bien sûr, 9,5% d’économie reste une moyenne sur l’ensemble du territoire. On peut faire moins bien, on peut surtout faire mieux. On peut apprendre à mieux se vêtir chez soi. Olivier Sidler observe que plus la température initiale est basse, plus le degré qu’on enlève permettra des économies. Autrement dit, si on chauffe déjà à 18°C et qu’on décide d’abaisser à 17°C, on gagne encore plus d’euros. Et puis, on peut aussi rénover son logement. Non pas pour continuer à se chauffer à 21°C ou 22°C, mais parce que plus la maison est isolée, plus on va voir les économies grimper en flèche.

“Dans un bâtiment performant, on peut arriver jusqu’à 25% d’économies en baissant la température d’un seul degré, témoigne Olivier Sidler. Si les bâtiments sont très bien isolés et étanches, ils sont insensibles à ce qui se passe dehors.” 25% d’économies pour un seul degré, ça semble énorme, mais n’oublions pas que nous sommes dans du bâtiment ultra performant, avec une toute petite facture énergétique. D’ailleurs, on peut même apprendre à se passer de chauffage. “Je suis en train de réaliser une maison sans chauffage. Avant Noël, lorsque les températures ont fortement chuté, à l’intérieur, la température n’avait quasiment pas bougé, à 15,2 ° C.”

Chaud-froid

15 degrés à l’intérieur? Ça pique, on n’est pas habitué. Et même 19°C renchériront certains. “La question du confort reste très compliquée, poursuit Olivier Sidler. À 19°C, certains vous diront qu’ils ont froid, d’autres qu’ils ont trop chaud.” Cela va dépendre de la maison isolée ou non, de son exposition, de sa perméabilité à l’air, etc. Retenons qu’on se sent mieux dans une pièce à 19°C isolée que dans une pièce à 19°C non isolée. On appelle ça “l’effet paroi froide”: des murs non isolés restent froids et rayonnent procurant cette désagréable sensation de froid. D’où l’intérêt de rénover aussi son logement pour se sentir mieux. Cela dépend du bâti, cela dépend aussi du genre, homme ou femme, de l’âge (question de circulation sanguine), bref, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Et d’ailleurs cette question de confort apparaît vraiment relative selon les époques: “Au début du XXe siècle, les médecins préconisaient de ne pas chauffer à plus de 12°C à l’intérieur, pour ne pas favoriser le développement des bactéries. Cinquante ans plus tard, un thermicien de renom estimait que la température idéale dans le séjour était de 16°C en journée”. Ah finalement, 19°C ce n’est déjà pas si mal. Mais plus qu’une question de thermostat, selon Olivier Sidler, la sobriété est d’abord une question de bon sens et de changement dans nos habitudes.

  

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