Semaine décisive. La prise de parole d’Emmanuel Macron sur la planification écologique d’abord prévue début juillet, intervient ce lundi. Un temps fort, très attendu, où le chef de l’État doit dessiner le futur énergétique de la France avec des annonces aussi en matière de rénovation des logements.
« La planification écologique va structurer l’agenda de la rentrée », avait promis, en juillet, Emmanuel Macron. Nous y sommes. Au chapitre rénovation énergétique, la tendance a déjà été donnée depuis trois mois. Priorité aux rénovation globales, les seules jugées réellement efficaces dans la bataille contre le réchauffement climatique.
Massifier la rénovation globale…
Le gouvernement en veut 200.000 dès 2024. Trois fois plus qu’aujourd’hui, c’est ambitieux. Et pourtant, ce n’est qu’un début. Pour répondre à l’enjeu climatique, le SGPE (Secrétariat général à la planification écologique) prévoit de monter en régime : 317.000 en 2025, 433.000 en 2026, etc. Jusqu’à atteindre le rythme de croisière de 900.000 rénovations globales, aidées par l’État dès 2030.
La vision présidentielle devrait donc confirmer la montée en cadence et la massification de ces rénovations performantes. Sans surprise. La véritable annonce porterait plutôt sur le moteur de ces rénovations: par l’incitation ? Ou par la contrainte ? Pour les bailleurs, le Rubicon a déjà été franchi avec la loi Climat et résilience qui dresse un calendrier de la rénovation jusque 2034. Jusqu’à présent, le propriétaire occupant a été épargné, mais ce n’est vraisemblablement qu’une question de temps.
Face au Youtubeur Hugo Travers, début septembre, le Président de la république évoquait une accélération pour la rénovation thermique des bâtiments, avec davantage d’aides et de contraintes aussi, notamment au moment de la mutation d’un bien qui reste le moment privilégié pour mener cette rénovation. L’Union européenne songe aussi, dans la révision de sa directive, à obliger les propriétaires occupants à rénover leur logement. À voir si le Président de la république étendra la contrainte de rénovation aux propriétaires vendeurs/occupants.
… et lever le frein financier
Plus de rénovations globales, cela signifie aussi plus d’accompagnateurs Rénov’ pour guider les ménages, et aussi davantage de subventions. La Première ministre l’avait déjà annoncé avant l’été, l’ambition est de réduire le reste à charge pour les ménages les plus modestes afin de le rendre indolore ou presque. MaPrimeRénov’ va d’ores et déjà donner un coup de pouce supplémentaire aux rénovation globales dès le 1er octobre, et la prime vedette du gouvernement bénéficie aussi d’une augmentation dans le PLF 2024 -présenté également cette semaine en conseil des ministres- avec un budget revalorisé de 66%, 1,6 milliard d’euros supplémentaires pour aider les ménages.
Pour mener à bien ce chantier titanesque, l’État compte aussi sur l’épargne privée. En juillet, Bruno Le Maire évoquait la possibilité de débloquer les PEL (Plan épargne logement) dès 2024, de manière anticipée et sans perte fiscale, mais sous la condition de réaliser des travaux de rénovation énergétique. Deuxième piste envisagée, la mobilisation de l’épargne salariale. Certaines dépenses de transition (comme la rénovation énergétique) pourraient ainsi faire partie des motifs de déblocage de l’épargne salariale. Ce sont ainsi des milliards d’euros qui pourraient se trouver injecter dans la rénovation.
Enfin pour lever le frein financier, et diminuer le reste à charge des ménages, l’État souhaite aussi une plus grande mobilisation des banques notamment pour promouvoir l’éco-PTZ ou le Prêt avance mutation. Les deux dispositifs existent déjà depuis des années, mais n’ont pas toujours rencontré le succès escompté jusqu’à présent.
Plus de rénovations énergétiques, plus d’aides, mais aussi une rénovation décarbonée si on veut réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Là aussi, le scénario semble déjà écrit par le SGPE. Dans le bâtiment, pour être dans les clous, il faudrait supprimer 75% des chaudières au fioul et 20% des chaudières au gaz. L’interdiction des chaudières au gaz, pure et simple, comme elle semblait envisagée dès 2026, ne paraît plus à l’ordre du jour en revanche comme l’a confirmé Emmanuel Macron dans son interview télévisée, dimanche soir.
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