Jean-Christophe Protais a exercé des responsabilités de direction générale dans les bureaux de contrôle (groupe Qualiconsult et Apave) pendant 17 ans après avoir été à la tête de Veolia Water STI durant 10 ans. Élève de l’École nationale Supérieure de Cachan, agrégé de mécanique, il a débuté sa vie professionnelle dans l’Intelligence Artificielle avant de découvrir les métiers de l’ingénierie dans le secteur de l’agroalimentaire. Il a été vice-président de la Coprec (fédération des bureaux de contrôle) devenue Filiance l’année dernière.
Lancée en décembre, Sidiane réunit sept majors de la filière du diagnostic et du contrôle. Après le fiasco de la réforme DPE, la nouvelle organisation professionnelle veut défendre l’intérêt des diagnostiqueurs et s’assurer que la filière soit enfin entendue. Jean-Christophe Protais, tout nouveau président, éclaire sur les ambitions de Sidiane.
Pourquoi avoir créé Sidiane alors qu’il existe des organisations professionnelles dans le secteur ?
Jean-Christophe Protais: “Sidiane a été initiée par des entreprises majeures et indépendantes du secteur, dont l’existence, le succès et le développement attestent de leur capacité à être visionnaires. Ces entreprises savent d’où elles viennent : elles ont débuté comme TPE, PME avant de devenir des entreprises leaders. Elles ont créé un modèle économique et technique inédit autour des nouveaux métiers du diagnostic qui évoluent sans cesse.
Or, paradoxalement, ces acteurs n’ont pas assez été écoutés par les pouvoirs publics sur les réglementations qui structurent le marché du diagnostic immobilier. Le chaos de la mise en œuvre de la réforme du DPE a fini de les convaincre qu’il était temps de prendre en main le destin collectif de la filière du diagnostic immobilier. Ils se sont réunis et ont créé une nouvelle organisation professionnelle indépendante, représentative, ouverte à tous les diagnostiqueurs immobiliers pour préparer ensemble un avenir commun.”
Quelles sont les priorités de Sidiane pour la filière ?
J.-C. P. : “Sidiane répond à une triple évolution de la filière : premièrement, l’élargissement de ses champs d’intervention accéléré par la rénovation énergétique du bâti mais aussi par la dépollution (désamiantage) des navires, des avions, des centrales nucléaires, etc.; deuxièmement, les nouveaux métiers et expertises qu’elle requiert ; troisièmement enfin, la révolution digitale imposée par la numérisation du bâti existant.
Ces évolutions créent un environnement réglementaire et professionnel mouvant, parfois instable, qui impose aux entreprises de la filière de s’adapter sans cesse. C’est à la fois un défi passionnant mais qui nécessite du temps, de l’agilité, de l’argent. Nos collaborateurs doivent s’adapter en permanence, charge à nous de maintenir leur enthousiasme et leur motivation.
Sidiane est donc née d’une volonté de réussir ensemble toutes ces mutations mais en faisant entendre les défis que doivent relever toutes les entreprises de diagnostic immobilier et de contrôle technique des bâtiments. C’est d’autant plus crucial que ces champs d’intervention de la filière impactent chaque citoyen : notre capacité à vivre dans un environnement plus sain, plus sobre énergétiquement en garantissant notre confort, notre sécurité, la valeur de notre patrimoine… Et les premiers concernés sont les personnes les plus modestes là où elles travaillent, là où elles résident.”
Quel est l’agenda que vous fixez à Sidiane en 2022 ?
J.-C. P. : “Cela tient en trois mots d’ordre : premièrement, la structuration de Sidiane, avec ses statuts, son organisation, le partage des responsabilités et des missions des uns et des autres pour faire avancer les dossiers clés de la filière à moyen et long terme. Deuxièmement, réussir la mise en œuvre efficace et juste de l’audit énergétique et du DPE pour lesquels les diagnostiqueurs immobiliers sont en première ligne. Nous voulons solder le chaos de 2021 sur le DPE en se donnant les moyens de le rendre efficient et ne pas revivre pareille pagaille avec la mise en œuvre de l’audit énergétique. Troisièmement, rassembler, ce qui veut dire écouter et encourager des diagnostiqueurs immobiliers à nous rejoindre en adhérant à Sidiane. Nouer également des relations apaisées et constructives avec les autres fédérations professionnelles de la filière. C’est essentiel pour travailler ensemble au renforcement de notre filière malgré nos différences.”
Comptez-vous peser sur les échéances électorales à venir ?
J.-C. P. : “Le seul calendrier qui compte pour nous est celui des échéances concernant l’application du DPE et de l’audit énergétique. Car c’est ce qui nous impacte immédiatement. Ce n’est pas de notre fait s’il percute le calendrier électoral. Je pourrais aussi parler de l’inflation : rien que la hausse des carburants ou la montée brutale du montant des cotisations d’assurance des diagnostiqueurs pèsent sur la rentabilité de nos activités et sur le pouvoir d’achat des diagnostiqueurs. Nous défendons les intérêts de tous les diagnostiqueurs ; n’oublions pas que nombre d’entre eux sont indépendants ou comptent un ou deux salariés.
Plus fondamentalement, le diagnostic immobilier est au cœur d’enjeux majeurs pour le marché immobilier et le logement. La rénovation énergétique du bâtiment, la qualité de l’air intérieur, l’exposition à l’amiante sont des sujets de santé publique majeurs dans des très nombreux bâtiments où nous vivons, où nos enfants étudient, où nous travaillons. Comment les passer sous silence durant cette campagne ? Comment par exemple ne pas s’interroger sur le fait que dans l’état actuel des choses, près de 9 millions de logements (1 logement sur 4) ne pourront plus légalement être loués car désormais considérés comme des passoires énergétiques avec le nouveau DPE ? Qui va assumer les conséquences sociales, économiques et patrimoniales d’une telle situation ? Sur ces sujets, Sidiane portera la voix des diagnostiqueurs.”
Les cinq priorités de Sidiane pour structurer la filière
- Faire du diagnotisqueur immobilier l’acteur pivot de la transition énergétique du logement et du bâti en France.
- Être un interlocuteur de référence pour les pouvoirs publics afin d’élaborer un système normatif pertinent et cohérent en matière de climat, de sécurité et de santé dans le logement et le bâti.
- Former aux métiers de la filière du diagnostic immobilier et attirer des talents.
- Digitaliser le bâti existant pour créer un observatoire national indépendant de la donnée technique et numérique du logement.
- Faire de la France un modèle européen inspirant en matière de diagnostic immobilier et de collecte de la donnée technique sur le bâti et le logement.
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