Une dose de résilience dans le DPE

crise-logement-dpe

La pression s’accentue. Les inondations et les sécheresses à répétition, symptômes d’un réchauffement climatique qui ne souffre plus de contestation, laissent apparaître quelques lacunes en matière de prévention. Bien sûr, il existe un état des risques depuis 2006, mais cette simple information n’apparaît plus suffisante face aux enjeux. L’Ifpeb (Institut français pour la performance énergétique du bâtiment) imagine de glisser une dose de résilience dans le DPE.

Allègrement critiqué, mais finalement fort utile. Largement démocratisé avec environ trois millions de diagnostics délivrés chaque année, le DPE est aussi une source d’inspiration. Puisqu’il a si bien fonctionné en sensibilisant les populations à la performance énergétique pourquoi ne pas décliner la recette à la prévention des risques naturels avec une étiquette renseignant sur la résilience du bien?  

On y vient. Car le réchauffement climatique inquiète sérieusement les assureurs qui commencent à y regarder à deux fois avant d’assurer un bien dans certaines contrées. Trop de risques d’inondation, trop de risques argile, et pas suffisamment de prévention. Dans un document destiné à « réconcilier les Français avec le DPE », l’Ifpeb (Institut français pour la performance énergétique du bâtiment) imagine d’aller plus loin encore. Le DPE peut dépasser son rôle. L’Ifpeb propose ainsi d’« intégrer une notation de la résilience face au changement climatique pour inciter à un « réflexe adaptation » pour chaque geste de rénovation ».

Qu’un diagnostic puisse renseigner sur la résilience des bâtiments n’a rien d’inédit. Au début de la décennie, la Mission risques naturels financée par les assureurs pour améliorer la prévention des risques naturels, travaillait déjà à un DPR, « diagnostic de performance résilience », directement inspiré du DPE. Ce diagnostic expérimenté auprès de bailleurs remplissait deux missions : établir une cotation de performance à la résilience par aléa pour chaque bâtiment diagnostiqué et prioriser les travaux améliorant la résilience.

Mesurer la vulnérabilité d’un bien face au changement climatique

L’idée d’un diagnostic résilience gagne du terrain. Du rapport confié à Matignon par le député nordiste Vincent Ledoux à l’automne, au rapport parlementaire du Sénat début juin, en passant par la Cour des comptes, tous soulignent un risque non suffisamment pris en compte, tous plaident pour un diagnostic. Question de bon sens. Pourquoi financer des rénovations énergétiques sur les deniers publics à coups de MaPrimeRénov’, dans des maisons qui demain risquent de se fissurer après une énième canicule? La rénovation énergétique et la résilience doivent donc aller de pair à l’avenir.

Pour l’Ifpeb, le DPE est peut-être ce maillon manquant. « Le DPE guide les gestes de rénovation et incite à réaliser des travaux. Or une rénovation énergétique peut facilement embarquer des actions d’adaptation, il est donc essentiel de créer un « réflexe adaptation » . « Pour ce faire, le DPE devrait à termes intégrer une notation simplifiée de la résilience du bien face au changement climatique. » Rien de précis, l’idée n’est sans doute pas de fournir une étude des risques poussée, mais juste d’informer et sensibiliser à la résilience, comme le DPE l’a si bien fait pour la performance énergétique.

Plutôt que de créer un nouveau diagnostic ex nihilo, l’idée d’utiliser le DPE comme support pourrait faire des émules. Et tenter les pouvoirs publics. Oui, on en demande un peu plus (encore) au DPE, mais cela éviterait aussi d’avoir à démultiplier les diagnostics en utilisant un outil qui est désormais bien connu des Français.  

1 Rétrolien / Ping

  1. Rénover ou reconstruire ? La question n'est pas taboue • infodiag

Laisser un commentaire