Le DPE se fait encore sévèrement étriller, mais ce n’est pas forcément juste

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Le moment est bien choisi. Alors qu’il prend encore un peu plus de poids avec les premières interdictions de location de passoires en vigueur depuis le 1er janvier, le DPE se fait copieusement étriller. Une enquête, signée Hello Watt cette fois, affirme que sept DPE sur dix sont incorrects. C’est loin d’être tout à fait juste.

L’incompréhension est tenace. Le législateur a voulu un diagnostic qui s’appuie sur des consommations standardisées. En clair, on s’intéresse uniquement aux performances du bâti et de ses équipements, peu importe qui occupe le bien. Qu’une personne vive dans son pavillon deux mois de l’année, ou qu’elle soit présente 365 jours /365, sept jours sur sept, 24h sur 24, peu importe, l’estimation reste la même. Le législateur en a voulu ainsi pour faciliter la comparaison entre les biens à l’achat ou la location. Pratique, mais revers de la médaille, entre les consommations estimées par le DPE et les consommations réelles, il existe parfois un (très) gros écart pas toujours bien compris.

L‘étude menée par Hello Watt, conseiller énergie en ligne, exploite allègrement cette brèche en comparant les DPE de 221 logements avec les données des compteurs gaz et électricité. Et sans surprise, on est loin, très loin du compte. Seuls 29% des DPE affichent une classe énergétique qui correspond aux consommations réelles! Quatre logements sur dix donnent un écart d’une étiquette, et 31%, un écart de deux étiquettes voire davantage. La conclusion est implacable: “le DPE est un mauvais prédicteur de la
consommation énergétique des logements, au point qu’une estimation purement aléatoire aurait des performances similaires”.
Dit autrement, le DPE ne sert à rien si ce n’est qu’à induire en erreur.

Des standards qui ne plaisent pas

La fiabilité du DPE est encore une fois mise en cause. Car si les pouvoirs publics ont opté pour une méthode standardisée, les résultats restent trop éloignés des réalités. “Le manque de corrélation entre le DPE et consommation est inquiétant et pourrait indiquer un problème dans sa méthodologie, sa pertinence ou son implémentation.”

Comme d’habitude, la compétence du diagnostiqueur est pointée du doigt pour expliquer cette discordance. Mais l’étude entrevoit aussi d’autres “explications plausibles”: une méthode 3CL “pas assez précise”, et une modélisation de l’Ademe peut-être pas suffisamment réaliste. Car pour établir une estimation des consommations, le DPE s’appuie sur des données standards: une période d’occupation moyenne du logement sur l’année, une température de chauffe de 19°C, des températures extérieures moyennes, etc.

Que l’hiver soit particulièrement rude, qu’une personne frileuse se chauffe à 23°C, et toute de suite les consommations explosent. Forcément. À l’inverse qu’une personne soit absente de son logement trois mois de l’année, qu’elle affectionne les cols roulés et se chauffe à 17°C, et l’estimation du DPE sera plus élevée que les consommations réelles. Mais cela ne veut pas dire que le DPE est faux, juste que le comportement des occupants du logement ne colle pas aux standards d’occupation du logement. Un peu comme la consommation théorique d’une voiture affichée par le constructeur: l’automobiliste le sait, selon sa conduite, cette consommation reste souvent purement théorique, mais elle n’en est pas moins précieuse pour acheter un véhicule.

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  1. Comparer DPE et consommation a-t-il un sens ? – Guillaume Matheron

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