MaPrimeRénov’ ne fait plus recette. Les chiffres ne sont pas bons, franchement pas bons à la lecture du dernier bilan de l’Anah : seulement 159.473 rénovations sur le premier semestre 2024, travaux monogestes et rénovations d’ampleur confondus. La rénovation énergétique patine, c’est quasiment deux fois moins que l’an passé. Un passage à vide pour l’Anah qui compte sur les mesures gouvernementales pour relancer la machine.
Le fer de lance de la rénovation énergétique s’émousse. Même l’Anah (Agence nationale de l’habitat) qui surveille de près sa communication, est bien forcée de reconnaître un « ralentissement des rénovations par gestes par rapport à la dynamique de 2023 ». Seulement 139.010 rénovations par geste au premier semestre. C’est loin, très loin, des bilans précédents. Et cela vaut aussi pour les demandes de subventions qui ont chuté de 56 % entre le 1er semestre 2023 et le 1er semestre 2024, passant de 284.000 à 125.000 demandes.
Les chiffres virent au rouge
On s’y attendait. La rénovation par geste souvent critiquée pour son manque d’efficacité n’est plus une priorité, le gouvernement a réorienté la prime de transition énergétique vers les rénovations d’ampleur, les seules qui améliorent significativement la performance énergétique du bien. Le gouvernement en voulait 200.000 l’été dernier, avant de se raviser et de se contenter de (seulement) 140.000 rénovations globales. Visiblement, c’est encore beaucoup trop ambitieux : le bilan de l’Anah enregistre seulement 20.463 rénovations d’ampleur pour le premier semestre. Encore moins que pour le cru 2023.
MaPrimeRénov’ a été réformée en profondeur début 2024, mais la mayonnaise ne prend pas. Constatant la chute des aides octroyées dès le début d’année, le gouvernement a déjà pris des mesures pour corriger le tir. Alors que les travaux monogestes devaient être davantage encadrés, et réservés uniquement aux logements classés E au pire, ils restent accessibles à tous les ménages au moins jusqu’à la fin d’année.
L’Anah estime que ce revirement porte ses fruits et constate « une dynamique accrue de dépôt de dossiers post mesures du 15 mai 2024 ». Cette dynamique gagne aussi les rénovations d’ampleur dans les logements individuels avec une « hausse de +61% du nombre de dossiers déposés au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2023 ». En clair, c’est juste une question de rodage selon l’Anah, laissons le temps aux ménages de s’approprier la nouvelle mouture de MaPrimeRénov’.
Plus d’accompagnement, moins de reste à charge
Après tout, si MaPrimeRénov’ ne fait plus recette, c’est aussi parce que le dispositif n’était peut-être pas tout à fait prêt au 1er janvier. Qu’on se rassure, il est désormais opérationnel. Dans son bilan semestriel, l’Anah recense 755 structures agréées MonAccompagnateurRénov’ au 30 juin (+47% par rapport à mars), et au total 3.300 accompagnateurs. Plus de neuf personnes sur dix n’auraient aucune difficulté à trouver désormais un Accompagnateur. L’accompagnement se densifie aussi au niveau du réseau France Rénov’ qui continue à se déployer sur l’ensemble du territoire avec 2.643 conseillers et 589 guichets.
On le sait l’accompagnement demeure un des écueils à la rénovation. Par où commencer la rénovation ? A qui faire confiance ? Avec ce déploiement massif, l’Anah lève donc un frein. L’accompagnement ne fait pas tout, la question du reste à charge demeure souvent le principal frein au déclenchement de travaux. Avec un montant moyen de 55.000 euros, la rénovation d’ampleur coûte cher, très cher. Huit rénovations d’ampleur financées par MaPrimeRénov’ s’adressent d’abord aux ménages modestes et très modestes.
Pour doper la rénovation, en particulier auprès des ménages intermédiaires et aisés, le gouvernement a donc revu sa copie. Aujourd’hui, un ménage intermédiaire ne peut par exemple bénéficier de subventions (CEE, MaPrimeRénov’ et aides locales cumulés) au-delà de 60% du montant des travaux. Ce qui signifie souvent un reste à charge conséquent, pour ne pas dire rédhibitoire. A partir de janvier 2025, avec des règles d’écrêtement plus généreuses, les ménages modestes, intermédiaires ou aisés pourront bénéficier de davantage de subventions. De quoi les encourager à lancer peut-être une rénovation d’ampleur dans leur logement.
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