Plus on rénove, et plus les passoires énergétiques sont nombreuses. Fin juillet, l’Observatoire de la rénovation énergétique (Onre) a publié de précieuses statistiques, tirées de 310.000 nouveaux DPE réalisés entre décembre 2021 et mars 2022. Officiellement, la France compte désormais 5,2 millions de passoires énergétiques, et c’est 400.000 de plus qu’il y a encore quelques mois.
Et encore, on ne parle ici que des résidences principales. Car en considérant le parc dans sa globalité, le nombre de passoires énergétiques explose. “La part des passoires énergétiques est plus élevée dans les résidences secondaires (32 %, soit 1,2 million de logements) et dans les logements vacants (27 %, soit 0,8 million de logements) ce qui porte l’estimation du nombre de passoires énergétiques à un total de 7,2 millions de logements sur l’ensemble du parc”, expliquent les auteurs de l’étude. Avec cette nouvelle estimation officielle, on se rapproche désormais des 7 à 8 millions de passoires énergétiques couramment évoquées par les associations.
140.000 logements hors la loi dès 2023
Le nouveau DPE entré en service en 2021 révèle donc un parc davantage énergivore que les photographies officielles ne le montraient jusqu’à présent. Question de méthodologie, mais derrière les chiffres, il y a aussi une réalité qui risque de rattraper certains propriétaires et locataires très rapidement.
L’étude identifie ainsi “environ 0,5 million” de logements avec une consommation annuelle d’énergie finale supérieure à 450 KWh/m²/an; le seuil au-delà duquel un logement ne pourra plus être loué à partir du 1er janvier 2023. L’Observatoire de la rénovation énergétique parle désormais de 140.000 logements extrêmement énergivores susceptibles d’être retirés de la location sous quelques mois si des travaux ne sont pas réalisés. C’est bien plus que les 80.000 à 100.000 logements annoncés, lorsque la réglementation est sortie.
Les nouveaux chiffres officiels invitent ainsi à revoir les ambitions à la hausse en matière de rénovation énergétique avec bien plus de logements à rénover d’ici 2025-2028. Dans le parc social, par exemple, la nouvelle méthodologie du DPE donne 460.000 passoires. La proportion d’étiquettes F et G est passée de 7% à 9,5%. Un peu plus de deux pour cent, mine de rien c’est 100.000 à 150.000 passoires supplémentaires à rénover.
La situation semble encore plus tendue dans le parc privé avec près de 20% des logements classés F et G: 1,5 million de logements qui demain pourraient sortir du marché de la location si leurs propriétaires ne font pas les travaux. Le calendrier voulu par Climat et résilience avec ses interdictions de location en 2025 et 2028, semble de plus en plus ambitieux. Pas question d’y toucher, Olivier Klein, le ministre délégué chargé de la ville et du logement, l’a confirmé cette semaine dans une interview livrée au Parisien, le calendrier n’est pas remis en cause.
En revanche, de nouvelles aides devraient arriver rapidement pour soutenir l’effort de rénovation. Le gouvernement a annoncé au cours de la semaine de nouvelles mesures dès la rentrée pour redonner des couleurs au dispositif des certificats d’économies d’énergie. Victime d’abus, ce dispositif avait en effet était modifié et corrigé en 2021 avec des aides bien moins généreuses entraînant une baisse de certains travaux.
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