Les diagnostiqueurs pâtissent, une nouvelle fois, de leur image. Le CSCEE (Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique) donne une petite gifle à la profession. Dans l’examen du décret précisant les compétences requises pour réaliser demain l’audit énergétique, l’instance estime que les diagnostiqueurs immobiliers ne sont pas suffisamment qualifiés.
Comme un goût de déjà vu. Le CSCEE avait déjà émis quelques sérieux doutes en 2021 sur le fait que les diagnostiqueurs réalisent aussi l’audit énergétique. « En définissant précipitamment un nouveau régime d’autorisations simplifiées des auditeurs, les objectifs de qualité et d’incitation risquent de ne pas être atteints », lisait-on dans l’avis rendu à l’époque. La fédération Cinov s’était même fendue d’un communiqué dans lequel elle estimait que la création d’un audit réglementaire réalisable par les diagnostiqueurs, participait à « la dévalorisation des compétences des bureaux d’études et des architectes ». Rien de moins.
Deux ans après, rebelote. L’avis du CSCEE publié le 31 octobre est cinglant : « Le Conseil doute plus largement de la capacité des diagnostiqueurs immobiliers à réaliser des audits énergétiques de qualité, et plus particulièrement en ce qui concerne la section « Scénarios de travaux » ». Le temps passe, le diagnostiqueur ne parviennent pas à convaincre leurs pairs. Parmi les organisations professionnelles à avoir voté défavorablement, on trouve le Cinov, la Fédération des promoteurs immobiliers, les architectes, les bailleurs sociaux…
Une formation jugée trop light
Que les diagnostiqueurs viennent jouer sur les plates-bandes d’autres professionnels ne passent pas. Le projet de décret soumis au CSCEE promet pourtant de corser l’accès à l’audit pour ces mêmes diagnostiqueurs. Impossibilité d’y accéder pour les opérateurs qui viennent juste d’être certifiés DPE, 70 heures minimum de formation (la moitié en formation pratique), contrôle des connaissances…
Sérieuse inflation pour les diagnostiqueurs qui avaient pu, à titre transitoire, accéder facilement au marché de l’audit énergétique réglementaire. Le tout ajouté à l’inflation de contrôles et de formation continue par laquelle le diagnostiqueur devra passer en 2024 pour la certification DPE. Trop light toutefois estime, le CSCEE. « La durée de la formation prévue, notamment pour ce qui concerne le volet pratique, est insuffisante pour leur permettre d’effectuer des diagnostics de qualité. »
Bien sûr, la voix du CSCEE demeure purement consultative, mais elle dispose d’une portée certaine. C’est notamment à la suite de son avis défavorable que le ministère avait reporté en 2021 l’entrée en vigueur de cet audit énergétique obligatoire à la vente, initialement prévu au 1er janvier 2022.
Peu de chances que les diagnostiqueurs soient écartés de ce marché toutefois. Comme en 2021, malgré un lobbying intense, on n’imagine mal les pouvoirs publics leur fermer l’accès à l’audit. D’autant qu’avec l’extension de l’audit réglementaire aux logements étiquetés E dès 2025, avec la massification de la rénovation globale voulue par le gouvernement, le nombre d’audits est appelé à être démultiplié dans les années à venir.
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