Luc Baillet (RésoA+) : Enduits projetés, retour à l’orthodoxie

Enduits lisses ou enduits projetés lissés ? La récente note du ministère de la Santé sème la zizanie chez les diagnostiqueurs immobiliers qui craignent parfois une inflation d’analyses lors des constats vente ou repérages du DTA. L’architecte Luc Baillet, membre co-fondateur de RésoA+, réseau militant pour la remédiation de l’amiante, y voit pourtant une précieuse clarification qui remet les pendules à l’heure.

Luc Baillet
Luc Baillet, architecte et co-fondateur de RésoA+,
réseau militant pour la remédiation de l’amiante.

“Au-delà de sa forme et de l’absence de source, cette réponse de la DGS (Direction générale de la Santé) n’a rien d’une révolution. Elle ne change absolument rien sur le fond. Cette définition reste conforme aux travaux menés depuis le début des années 2000 dans le cadre de la norme du repérage amiante NF X 46-020. Un enduit projeté n’est pas défini par son aspect visuel, mais par sa technique de mise en œuvre. Un enduit projeté peut très bien être bouchardé ou lissé, il reste un enduit projeté. Le document de la DGS permet donc une mise au point. 

Effectivement, dans la pratique, on observe parfois un décalage. Mais parce que depuis 20 ans, nous assistons à une dérive dans les formations avec une lecture simplifiée où la question de la mise en œuvre de l’enduit est rarement posée et où seul l’aspect visuel est pris en considération. Certains formateurs ont souvent “enduit” en erreur les stagiaires. Le document de la DGS amène donc désormais à enseigner en formation, la véritable définition d’un enduit projeté.

Si l’opérateur a la certitude qu’il ne s’agit pas d’un enduit projeté, il n’a donc aucun prélèvement à effectuer dans le cadre d’un repérage liste B. Mais à moins de disposer de plans ou de documents, dans 99% des cas, l’opérateur n’a aucun moyen de s’assurer qu’il n’est pas confronté à un enduit projeté. Appliquée à la lettre, cette réponse de la DGS se traduit donc par davantage de sondages et de prélèvements dans le cadre des repérages liste B, dont on sait qu’ils sont insuffisamment pratiqués aujourd’hui lors des missions avant-vente.

La notion dinvestigations approfondies

On peut voir un second intérêt dans ce question-réponse qui aborde la notion d’investigations approfondies. La DGS considère que le prélèvement d’enduit recouvert de peinture, papier peint ou moquette peut entrer dans la définition des prélèvements de matériaux accessibles sans travaux destructifs. En pratique, l’opérateur peut décoller le papier peint sur quelques centimètres le long d’un bâti de porte, ouvrir une boîte de dérivation… Nous ne sommes pas dans des travaux destructifs, mais bien dans des investigations approfondies permises dans le cadre d’un avant-vente ou d’un DTA.

Concrètement, l’opérateur doit aussi songer à exclure les enduits projetés dès qu’il ne peut atteindre  le support (par exemple derrière une plaque de plâtre), en le formulant très clairement dans son rapport. Cette possibilité n’est malheureusement pas toujours ouverte par les logiciels et bien des rapports oublient les « zones douteuses » susceptibles de contenir des MPCA, comme  les coffrages non démontables par exemple. L’opérateur ne doit pourtant s’engager que sur ce qu’il a vu.”

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