Quand le photovoltaïque permet de financer le désamiantage

Face à la crise énergétique, le gouvernement veut doper les énergies vertes. Le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables actuellement en discussion, suggère de se pencher sur le désamiantage des bâtiments industriels et agricoles pour y installer des toitures solaires. Une opération qui peut se révéler doublement rentable…

La question est souvent revenue ces dernières années au Sénat ou à l’Assemblée nationale. Comment faire avec ces hangars agricoles et leurs toitures truffées d’amiante fibrociment? Des aides publiques existent parfois, mais le coût de leur désamiantage reste souvent prohibitif pour le propriétaire; largement supérieur à la valeur du bien. Alors, ces bâtiments sont laissés à l’abandon.

Le projet de loi, déjà discuté au Sénat, doit à présent être voté le 10 janvier à l’Assemblée nationale. Et si on imaginait de désamianter ces nombreux bâtiments pour les couvrir de panneaux solaires? Dans sa version actuelle, le texte demande au gouvernement de se pencher sur la question, et de lui remettre rapidement un rapport sur les “synergies qui pourraient exister entre le désamiantage des bâtiments et le développement du solaire photovoltaïque”. Les parlementaires proposent également de lancer une expérience “pour une durée de trois ans”, afin de “favoriser le désamiantage des toits des bâtiments agricoles en vue de remplacer les toitures concernées par des panneaux photovoltaïques”. À condition, bien sûr que cela soit techniquement et économiquement acceptable.

Tous les bâtiments ne s’y prêtent pas

Financer le désamiantage grâce à l’installation de photovoltaïque n’a rien de nouveau. Ce type d’opérations a même tendance à se développer, encouragé par les collectivités. Depuis 2021, la région Auvergne-Rhônes-Alpes propose par exemple le financement de projets de désamiantage en cas de solarisation. En 2022, l’Occitanie a également développé une mesure similaire.

Bâtiment photovoltaïque, courtier spécialisé dans le solaire depuis 2007, évoque une vingtaine de projets de désamiantage de la sorte au cours des dernières années. Parfois, des projets de grande envergure comme ce désamiantage de plusieurs bâtiments suivi de l’installation de panneaux photovoltaïque dans les Landes sur une surface de 50.000 m².

Mais tous les bâtiments ne s’y prêtent pas cependant. Pour que l’opération soit réellement rentable, certaines conditions doivent être réunies. “De nombreux critères entrent en ligne de compte, explique Yoan Crouzillat de Bâtiment photovoltaïque. Cela dépend du lieu, du projet, de la surface, de la toiture, de l’altitude, de la typologie de toiture, de son orientation…”

En dessous de 1.000 m² de toiture, par exemple, l’opération apparaît rarement rentable. Ce qui ne veut pas dire qu’au-delà, elle le deviendra systématiquement au-delà, car la toiture a beau faire 1.000 m², si elle est exposée au nord, cela ne colle pas. D’ailleurs, pendant longtemps, les installateurs n’intervenaient que rarement au dessus de la Loire, où l’ensoleillement est moins généreux. Ce n’est plus aussi vrai aujourd’hui. “La technologie solaire ne cesse de s’améliorer et d’apporter de meilleurs rendements, tandis que les techniques de désamiantage se perfectionnent aussi”, poursuit Yoan Crouzillat.

Grâce à l’énergie revendue ensuite à EDF, grâce aussi aux aides publiques, l’opération est ainsi totalement financée, du désamiantage à l’installation de la centrale solaire en passant par la pose de bac acier. “Sur certains projets, il y a même un petit plus financier pour le propriétaire.” Sans compter que le projet se révèle vertueux à double titre, puisqu’il permet de se débarrasser de cet amiante toxique et dans le même temps de produire d’une électricité verte.

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