La lourde facture climatique des assureurs

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La résilience des bâtiments face au changement climatique est un autre défi. L’année 2022 a battu tous les records, elle pèse lourd sur la facture des assureurs, qui plaident pour ériger la culture du risque en priorité nationale. Car le bilan 2022 à peine dévoilé, les petits génies de la météo nous prédisent à nouveau un été caniculaire, synonyme d’une facture climatique à nouveau lourde.

2022, année de tous les records. La Mission risque naturel (MRN), satellite de France Assureurs, en égrène quelques-uns : record battu pour la taille des grêlons, record battu pour la vitesse du vent, record de superficies brulées, record de distance parcourue par une tornade et bien sûr, record de territoires touchés par la sécheresse… N’en jetez plus. “2022 se démarque également par l’étendue géographique et la durée des épisodes climatiques ainsi que par la simultanéité des phénomènes (grêle, vents, inondation voire mouvement de terrain)”, note l’association dans son bilan dévoilé en mars. Chez France assureurs (ex-Fédérations française de l’assurance), on parle d’une “année inédite depuis 20 ans”. En fait, il faut remonter à 1999 avec les fameuses tempêtes Martin et Lothar, pour rencontrer une telle annus horribilis.

Traduction en chiffres, cette seule année 2022 avec 2.550 sinistres quotidiens (sur 38.000 au total) liés à des événements climatiques sur les habitations coûte cher aux assureurs. La sécheresse et le phénomène retrait-gonflement d’argile ont évidemment une bonne part de responsabilité: la facture est estimée à près de 2,9 milliards d’euros, du jamais vu.

Mais c’est la grêle qui aura pesé lourd avec pas loin de 500.000 sinistres comptabilisés. “La facture climatique à elle seule a atteint 10,6 milliards d’euros pour les assureurs, un niveau jamais vu depuis plus de 20 ans, avec notamment des épisodes de grêle intenses qui ont touché une commune sur deux pour un coût historique de 5,1 milliards d’euros (dont 3,5 milliards d’euros pour les bâtiments, ndlr)”, expliquaient fin mars, les assureurs en conférence de presse. En comparaison, sur la période 2011-2021, les sinistres liés aux catastrophes naturelles avaient coûté (seulement) 3,6 milliards d’euros par an en moyenne.

Encourager la culture du risque

France Assureurs exprime à nouveau ses inquiétudes. Avec le réchauffement climatique, rien que le phénomène de retrait-gonflement d’argile pourrait voir sa facture tripler à l’avenir. Les projections parlent d’un montant de sinistres de 143 milliards d’euros en cumulé d’ici 2050. Quel remède face à cette inflation du risque climatique? Les assureurs appellent “à faire de l’acculturation au risque climatique une priorité nationale”. Ils proposent par exemple l’instauration d’une “Journée nationale de la résilience” afin de sensibiliser davantage les Français aux risques naturels. “Il est aussi indispensable de généraliser et d’améliorer le recours aux outils de prévention existants tels que les Plans Communaux et intercommunaux de Sauvegarde.”

Les assureurs demandent aussi à « pérenniser » le régime de catastrophe naturelle « qui est déficitaire depuis 2015 », en retrouvant l’équilibre financier. Comment ? En encourageant la prévention, mais aussi en revoyant peut-être le niveau de la surprime Cat Nat qui s’élève aujourd’hui à 25 euros en moyenne par habitation et par an.

C’est une préoccupation des assureurs, mais aussi de la population. Selon un sondage exclusif France Assureurs – Elabe1, réalisé en mars, trois quarts des Français (73%) se sentent vulnérables au risque climatique, 92% considèrent que les assureurs ont un rôle essentiel ou important à jouer face aux catastrophes naturelles.

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