La fiabilisation du DPE ressemble à un feuilleton sans fin. Même si on ne parle pas de réforme, mais de “plans d’actions” cette fois. En réponse aux assauts des associations de consommateurs, le ministère du Logement veut encore améliorer le diagnostic. Plusieurs actions ont été présentées ce mercredi aux professionnels de la filière.
À peine réformé, déjà remis en chantier. Deux ans de travail pour lancer le nouveau DPE en juillet 2021, un an de rodage pour corriger ses bugs, et tout ça pour quoi? D’avis de professionnels, le diagnostic est sans doute plus fiable qu’il ne l’a jamais été par le passé. Mais pour les associations de consommateurs, ça ne va toujours pas. Prière de retravailler la copie.
Après le testing de 60 Millions de consommateurs au printemps denier, la DHUP (Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages) avait lancé une réflexion avec différents acteurs du diagnostic immobilier. Hasard du calendrier (?), les actions ont été dévoilées mercredi 5 octobre, alors que Que Choisir enfonce le clou en consacrant sa Une au DPE.
Impliquer davantage les propriétaires
Trois actions se dégagent dans la feuille de route ministérielle. La première est de mettre en place une fiche technique à compléter par les propriétaires et administrateurs de biens avant le passage du diagnostiqueur. Avec ce nouveau document, le ministère souhaite éviter les valeurs par défaut parfois utilisées par le diagnostiqueur, notamment pour qualifier l’isolation d’un mur. Un exemple: aujourd’hui, dans un logement où le propriétaire a lui même réalisé le doublage des murs, le diagnostiqueur n’a souvent d’autre choix que d’indiquer une valeur par défaut, forcément pénalisante.
L’intention est louable, une telle fiche permettrait d’impliquer davantage les propriétaires et d’affiner le diagnostic. En théorie… Car en pratique, avec le nouveau DPE, le propriétaire peut (doit) déjà fournir un tas de documents (factures de travaux, titre de propriété, anciens diagnostics…), pour faciliter la tâche du diagnostiqueur. Sauf que bien souvent, le technicien n’a aucun document à sa disposition.
Une nouvelle dose de formation
Deuxième action envisagée, le renforcement des compétences comme le réclament à cor et à cri les associations de consommateurs. Les diagnostiqueurs certifiés DPE sont déjà astreints à une formation continue (deux à quatre jours tous les sept ans) en plus de leur formation initiale, le ministère envisage d’ajouter une journée de sensibilisation à partir de 2023. Pour dire quoi? Pour expliquer l’importance du nouveau DPE et tous les enjeux qui vont avec en matière de rénovation, mais aussi pour partager les expériences afin d’harmoniser les (bonnes) pratiques.
Troisième action, les pouvoirs publics souhaitent harmoniser les pratiques des organismes chargés de délivrer la précieuse certification sans laquelle aucun diagnostiqueur ne peut exercer. Le ministère suggère un référentiel commun de compétences ainsi qu’une gestion standardisée des plaintes reçues au sujet du DPE, histoire de mieux cibler les contrôles.
Rien n’est figé encore, les contours de ces actions risquent encore d’évoluer, une autre réunion est annoncée avant la fin d’année pour plancher sur le sujet. Mais on peut d’ores et déjà se demander si ces aménagements seront suffisants pour enrayer le DPE bashing. Une journée de sensibilisation, une fiche technique sans doute vertueuse, mais qui en pratique risque de ne pas toujours être remplie par le propriétaire, ces mesures apaiseront peut-être les associations de consommateurs dans l’immédiat. Jusqu’à la prochaine enquête.
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