L’énergie et la rénovation, sujets de tensions en copro

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Les stands pour l’interphone, ou pour les boites aux lettres sont toujours là. Les institutionnels aussi, fidèles au poste. Mais ce ne sont pas forcément ceux que l’on voit le plus, ceux qui attirent dans les allées du Salon de la copro. Le cru 2022 qui a fermé ses portes ce mercredi, était largement tourné vers la rénovation énergétique. Et côté visiteur, on s’est souvent déplacé pour ça.

L’actualité est riche. L’interdiction des loyers ou les futures obligations de rénovation qui pèsent sur les bailleurs en 2025 et 2028, interrogent les copropriétaires quand elles n’inquiètent pas. L’arsenal réglementaire s’est considérablement étoffé au cours des dernières années. Trop peut-être pour le profane. Plan pluri-annuel de travaux, Diagnostic technique global, DPE à l’immeuble, fonds de travaux, individualisation des frais de chauffage, et on en passe. Oui ça fait beaucoup. Et à moindre d’être professionnel, on y perd vite son latin.

+70% de charges

Jamais on avait autant parlé rénovation sur le salon. La crise énergétique est passée par là. Certains outils qui existaient parfois depuis plusieurs années, ont subitement vu leur intérêt se révéler. Car l’énergie et la rénovation sous-jacente sont devenus des “sujet de tension”, témoigne Henri, croisé sur le salon de la Copro.

Lui est syndic bénévole d’un immeuble d’une trentaine de lots à Épinal. Il est d’abord venu chercher de l’information, du conseil, d’éventuelles solutions aussi. Dans son immeuble doté d’un chauffage collectif, les charges ont littéralement explosé, +70%. Certains peuvent encore payer, mais pour d’autres c’est plus compliqué, ça leur demande des sacrifices… 70% c’est déjà beaucoup, mais ailleurs la situation apparaît plus dramatique encore. Début octobre, la décision de couper le chauffage collectif dans une copro de Nice a fait l’effet d’une bombe: 593 % de hausse pour l’exercice 2022-2023!

Rénover ? On y songe un peu plus désormais, la rénovation jugée si coûteuse auparavant devient subitement plus séduisante. “Mais tous les copropriétaires n’ont pas les mêmes moyens pour effectuer des travaux, tous n’ont pas non plus le même intérêt”, explique Henri. Dans son immeuble de l’est, comme dans beaucoup de copropriétés ailleurs en France, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Certains ont parfois trop chaud, au point même d’ouvrir les fenêtres en plein hiver, quand d’autres ne parviennent pas à se chauffer correctement. On le sait, une copropriété peut abriter une diversité d’étiquettes énergétiques : certains peuvent échapper aux interdictions de rénovation, quand d’autres ne pourront plus être loués dès 2025 ou 2028. Un vrai casse-tête qui risque de dévaloriser les biens en copro. “Qui aura envie d’investir dans un appartement en copro à l’avenir? Nos biens vont automatiquement être dévalorisés”, se lamente notre syndic bénévole.

Besoin d’accompagnement

Dans les allées du salon, la rénovation telle que la loi Climat et résilience l’a dessinée fait souvent sourire. Quand elle ne soulève pas un peu d’amertume : “Encore une politique venue d’en haut dépourvue de réalisme, le législateur a voulu aller très vite sans se poser de questions”, se désole Paul, retraité et syndic bénévole pour une petite copropriété familiale en région parisienne. La rénovation, il y songe aussi, mais c’est surtout la question de l’accompagnement qui l’a conduit au salon.

Par où commencer si on ne veut pas faire n’importe quoi? À qui se fier ? Plutôt bien informé, il évoque la dernière note de la Cour des comptes qui met sérieusement en doute l’efficacité des travaux de rénovation énergétique financés pourtant par les MaPrimeRénov’ et autres aides publiques. Au-delà des promesses, il aimerait une garantie que le gain énergétique soit réellement à la hauteur de l’investissement et de l’effort soutenu par les copropriétaires.

Venu déambuler dans les allées du Salon, le ministre en charge du Logement et de la Ville, Olivier Klein a été interpellé sur le sujet. Obliger la rénovation dans les copropriétés pour 2025 voire 2028, n’est-ce pas trop ambitieux? Pas question de “renoncer à ce calendrier car il est bon pour les personnes qui vivent dans les passoires, il est bon pour la planète”. Le cap sera donc maintenu coûte que coûte: 2023 pour les pires passoires, puis 2025, 2028… Seule concession, le ministre a promis “une amélioration” de MaPrimeRénov’ dans sa version copropriété pour les revenus les plus modestes. Un geste, plus qu’une véritable solution, pas de quoi combler le fossé entre les exigences de la loi et la réalité des copros.

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